Le départ à la retraite des professeurs de médecine chefs de service, dont l'âge dépasse les 70 ans, n'a pas été opéré, plusieurs mois après la fameuse instruction de Abdelmalek Sellal. Bien que recensés à travers les différentes structures de santé du pays, ces professeurs chefs de service restent indéboulonnables. Malgré un «bonus» de dix ans par rapport aux autres catégories de travailleurs de la santé et de la Fonction publique en général, ces professeurs n'entendent pas partir de sitôt. Leur résistance à une décision gouvernementale en intrigue plus d'un, notamment dans le milieu de la santé où de plus en plus de voix s'élèvent contre ces «inamovibles» qui ne veulent pas passer le flambeau. Pourtant, l'instruction donnée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a été suivie d'un arrêté ministériel signé par le désormais ex-ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari. Cet arrêté n°480 (dont nous détenons une copie) paraphé le 6 juin dernier ordonne aux directeurs de la santé des 48 wilayas et aux directeurs des hôpitaux, CHU et Etablissements de santé de proximité (EPSP) de procéder à la mise à la retraite de tout praticien dont l'âge, au 31 décembre 2012, dépasse leÒ‹s 60 ans et exceptionnellement les professeurs dont l'âge est de 70 ans et plus. Près de six mois après, rien de concret n'a été entrepris sur le terrain. La procédure s'est arrêtée, nous précise une source proche du dossier, au stade du recensement du personnel «retraitable». Rien qu'à Alger, 72 professeurs chefs de service sont âgés de plus de 70 ans. Ces professeurs, faut-il le préciser, ont été nommés par décret en 1970. Autrement dit, ils sont en poste depuis 43 ans. Les «jeunes» professeurs de médecine, qui ont applaudi la décision du gouvernement, ne comprennent pas pourquoi elle reste toujours inappliquée. «Nous respectons nos aînés dans ce secteur et nous reconnaissons leurs compétences et sacrifices, mais il faut donner leur chance aux autres générations. Le secteur n'appartient pas à une personne ou un groupe de personnes. Il est au service des Algériens. Notre système de santé a besoin de toutes ses compétences», soutient un jeune professeur, qui espère que le Premier ministre veille à l'application de son instruction. Dans le cas contraire, cela risque de servir d'argument à d'autres corporations pour refuser, elles aussi, de se soumettre à cette décision. «Le ministère de la Santé ainsi que celui de l'Enseignement supérieur alimentent les tensions par leur inertie, ce qui porte préjudice à la Santé en général et à l'enseignement supérieur de la médecine en particulier, dont le niveau dégringole de jour en jour dans notre pays», ajoute notre source, qui qualifie de «bizarrerie algérienne» cette situation de non-application des textes en vigueur. Il est à noter que la nomination légale des chefs de service est bloquée depuis 2005, année qui avait enregistré le dernier concours de chefferie de service. L'exercice des responsabilités médicales et pédagogiques sont assumées dans le flou le plus total par des intérimaires. Un intérim qui dure depuis de longues années. Une situation qui risque de perdurer encore.