Les Assemblées locales issues du dernier scrutin des APC et APW ont bouclé hier leur première année d'exercice aux commandes des affaires locales. Alors qu'on s'attendait à un week-end riche en présentation de bilans, il n'en fut rien. A l'exception de la municipalité de Tinebdar qui organise une semaine «portes ouvertes sur la gestion locale», le reste des communes se sont illustrées par une absence qui n'a de valeur que l'appréhension d'affronter les citoyens eu égard à l'impuissance avérée des élus face à la prise en charge des doléances citoyennes. Une année s'achève donc pour laisser place à une autre au titre d'un mandat de cinq années. Les élus ont certainement pris la mesure de la situation pour relever un nouveau défi, pas toujours facile dans un climat marqué par de nombreuses insuffisances, le manque de moyens et l'absence de sérénité. La fin de la première année du mandat des élus locaux s'est singularisée par une sorte de statu quo qui n'est pas de nature à susciter l'espoir chez les citoyens. Les populations qui sont en attente de bilans, du moins de rencontres pour mise au point, d'explications, n'ont eu droit qu'aux sempiternelles prises de bec et autres mésententes entre les élus et l'administration. Trois municipalités sont, à ce titre, assez illustratives en la matière. La municipalité d'Akbou, qui tenait jeudi dernier une session extraordinaire, troisième du genre depuis l'installation de l'assemblée, n'a pas dérogé à la règle. La session s'est achevée en queue de poisson. L'opposition s'est retirée et la crise est de nouveau relancée. A Tinebdar, le bras de fer entre l'assemblée actuelle et le wali de Béjaïa est de nouveau relancé à la faveur d'un questionnaire que le chef de l'exécutif a adressé à l'édile communal à propos d'une absence à une réunion au niveau de la daïra. C'est l'occasion choisie par le maire de la localité pour rebondir affirmant navoir de compte à rendre qu'à la population qui l'a élu. Dans la réponse rendue publique, le maire de la municipalité de Tinebdar a énuméré de nombreux obstacles endossés au chef de l'exécutif avec pour objectif d'illustrer le fait qu'il n'est pas facile de gérer une commune lorsqu'on n'a pas les prérogatives nécessaires. Vouloir gérer une municipalité en se mettant sur le dos la wilaya, c'est le risque que cette assemblée, élue à la majorité absolue, a pris pour les quatre années de gestion locale. Dans la commune de Barbacha, la situation n'a pas du tout évolué. Le maire RCD, Mahmoud Ben Meddour, issu d'une alliance RCD, FLN et FFS, a tenté vainement et pour la énième fois, de pénétrer au siège communal. Elu récemment président de l'association des maires RCD, Ben Meddour a essayé d'occuper son poste. Un geste hautement politique, qui se heurtera à une opposition farouche d'abord, du chargé des affaires, en l'occurrence le secrétaire général qui lui exigea de présenter un document officiel l'autorisant à rejoindre son poste. La wilaya avait nommé, en mars dernier, le SG de cette commune pour gérer les affaires courantes. Cette décision de rejoindre son poste a tourné à une prise d'otage qui ne s'est dénouée qu'après l'intervention des sages de la commune. Dans le reste des communes, l'absence de présentation de bilans, pourtant promise lors de la campagne électorale, n'a d'explication que l'appréhension d'affronter la population, laquelle population s'est manifesté dans plusieurs localités contre les manquements des élus. Une année d'exercice est suffisante pour mettre à nu les limites de certaines équipes quant à leur capacité de prendre en charge les doléances citoyennes. Un temps qui illustre également la dure réalité de la gestion des affaires locales. Démunies de prérogatives, les équipes portées aux commandes des collectivités locales ont commencé très rapidement à se rendre compte que quelle que soit la volonté affichée, il n'est pas de tout repos de s'occuper des affaires en relation directe avec le citoyen. Et maintenant, on ne sait plus comment l'affronter. De tous les maires rencontrés ces derniers jours, les insuffisances des budgets alloués dans le cadre des plans communaux de développement (PCD) sont pour l'essentiel le handicap qui freine leur gestion. Même les tiraillements entre élus trouvent leur raison d'être dans la faiblesse de la dotation. La fronde populaire continue comme en témoignent ces nombreux rassemblements et autres fermetures des sièges communaux depuis le mois de novembre dernier. Souk El Tnine, Feraoun, Tinebdar, Taourirth Ighil, Ighram, Ighil Ali, Akbou, Toudja, pour ne citer que celles-là, sont autant de communes qui alimentent la chronique locale au quotidien. Alors que les besoins populaires se font de plus en plus pressants, l'élu local se retrouve seul face à une administration qui détient tous les leviers de commande liés au développement local.