Si le président de la République ne remet pas en cause le pluralisme médiatique, il exhorte les professionnels à plus “d'objectivité et de sérieux” dans le traitement de l'information. Une nouvelle organisation du secteur de l'information est en préparation. Cette annonce, faite hier par le chef de l'Etat, est loin de la révolution attendue par les professionnels du secteur, grâce à l'ouverture de l'audiovisuel notamment. Dans un message adressé aux participants de l'Assemblée générale des radios et télévisions arabes (Asbu) qui tient ses assises à Alger, Abdelaziz Bouteflika a défini les lignes directrices de sa nouvelle politique. Elles se résument dans la triptyque suivante : “Liberté, sérieux et objectivité” dans le traitement de l'information. Pour autant, la liberté préconisée par le président de la République dans le secteur de l'audiovisuel aura pour cadre unique l'ENTV et les radios publiques. “Le gouvernement est en train d'élaborer un dossier complet pour redéfinir le paysage télévisuel national avec pour objectif un plus grand intérêt pour la culture amazigh, la jeunesse et les nouvelles connaissances, le tout dans le cadre de ce qui est appelé la télévision numérique terrestre”, écrit le chef de l'Etat. Un plus grand soin sera accordé par ailleurs au renforcement de stations de radios locales qui “bénéficieront d'un appui leur permettant d'être plus à l'écoute des préoccupations des citoyens et d'encourager l'esprit de la citoyenneté”. À cet égard, Bouteflika exhorte les responsables de l'audiovisuel à “former des professionnels et à acquérir des technologies modernes”. Au chapitre de la liberté de ton, le propos du Président est plus nuancé. S'il ne renonce pas aux acquis hérités d'octobre, il entend bien leur mettre des balises. “L'Algérie œuvre à revoir ses mécanismes selon les aspirations de son peuple”. À ses yeux, le manque de professionnalisme est l'une des lacunes à résorber. Durant sa campagne électorale, Bouteflika avait tiré à boulets rouges sur la presse privée, l'accusant de tous les maux. Bien que son discours soit devenu plus modéré depuis son investiture, il porte encore une appréciation négative sur les journaux indépendants. D'ailleurs, il ne manque pas de le faire savoir à chacune de ses sorties médiatiques. Dans la perspective de la réconciliation nationale, une amorce de rapprochement est engagée. Le ministre de l'Information, Boudjemaâ Haïchour a promis l'organisation d'assises sur la presse. Pour l'heure, aucune date n'est arrêtée. S'agissant de la création de télévisions privées, le président est catégorique : l'Algérie n'est pas prête à cette ouverture. S. L.