L'avenir de l'APN est suspendu au comportement des 155 députés du FLN tendance Benflis. Quel avenir pour l'APN après la réélection du président Bouteflika à la tête du pays pour un deuxième mandat de cinq ans? Une interrogation qui s'impose avec acuité au lendemain du scrutin du 8 avril. Selon des sources proches de «l'alliance stratégique», des tractations secrètes sont initiées par les meneurs de cette nouvelle tendance politique, en l'occurrence le RND, le MSP et les redresseurs du FLN, pour éviter une crise institutionnelle. L'objectif de cette initiative étant de convaincre les députés du FLN qui sont restés jusqu'aujourd'hui fidèles à Benflis à rallier cette alliance et éviter en conséquence la dissolution de l'APN. Une dissolution, notons-le, écartée pour le moment, à en croire les propos mêmes du chef du gouvernement tenus lors de sa dernière conférence de presse. Les mêmes sources ajoutent que le sort de Karim Younès, le président de l'APN, un fervent défenseur du candidat Benflis, est «incertain». En effet il semblerait que les jours de ce dernier soient comptés au sein de la chambre basse du parlement Soit, le troisième homme de l'Etat, qui a eu des positions très virulentes à l'égard du président et de son chef du gouvernement, démissionne, dans le cas contraire, les députés en grande majorité se proclament contre lui par un vote de défiance, selon un représentant de l'alliance. Le deuxième scénario semble très peu probable sachant que l'article 114 de la Constitution stipule que le président de l'Assemblée populaire nationale est élu pour la durée de la législature qui est de cinq ans. La décision de se retirer doit, dans ce cas précis émaner personnellement de Karim Younès, qui semble aujourd'hui dans une position pas du tout «confortable». Ce dernier succombera-t-il aux pressions? L'avenir de l'APN semble aujourd'hui suspendu au comportement des 155 députés du FLN tendance Benflis. Ces derniers seront-ils influencés par les résultats de la présidentielle? Cette thèse n'est pas à écarter. Elle est soutenue même par des sympathisants de Benflis. Selon le chef du groupe parlementaire du FLN M.Mekhalif, il est fort probable que l'élection de Bouteflika amène quelques députés à rejoindre «l'autre clan». Ce qui constituerait «un retournement de veste» au sein de cette institution. Une démarche qui permettra d'un côté à ce dernier de sauver leur mandat et de l'autre, d'éviter de recourir à la dissolution de l'APN. L'on croit savoir à ce sujet que les députés n'ont pas attendu le 9 avril pour se rétracter et que le travail de coulisses de l'alliance stratégique commence à porter ses fruits. Le congrès «réunificateur» qui aura lieu au mois de novembre prochain, va entériner, selon «nos sources» la déchirure au sein de ce parti. En attendant cette date, le premier grand test qui déterminera le devenir de cette assemblée sera la présentation du programme du gouvernement. Selon la loi, le premier rejet du programme induira la démission du gouvernement et le deuxième conduira automatiquement à la dissolution de l'Assemblée. La Constitution donne, dans son article 129 au président de la République, après consultation du président de l'Assemblée populaire nationale, le président du Conseil de la nation et le chef du gouvernement le droit de dissoudre l'Assemblée populaire nationale ou d'organiser des élections législatives anticipées. La position d'El Islah qui compte près de 44 députés sera décisive. Sachant que rassemblés, les députés de Djaballah et de Benflis s'imposent comme majoritaires à l'APN. Contacté par nos soins M.Aboubaker Salah député d'El Islah et membre de la commission juridique de l'assemblée, nous a affirmé «que sa formation n'a été contactée ni par le FLN ni par l'alliance stratégique». Par ailleurs, selon certaines informations, «l'alliance stratégique» affrontera les élections législatives en cas de dissolution de l'APN avec des listes communes, et ce, en vue de rafler la majorité au sein de cette institution législative. Ce qui ne pourra que conforter la position du MSP, qui compte, selon les dires de son président M.Bouguerra Soltani «reprendre les 71 sièges perdus durant le dernier mandat», prix d'un appui fort au président Bouteflika, selon les observateurs. «Les listes communes» traduit aussi cette volonté affichée par le président Bouteflika et par ladite alliance d'oeuvrer pour «une nouvelle reconfiguration du champ politique». L'APN n'échappera pas à cette nouvelle donne, c'est du moins la première lecture qui ressort du score réalisé par le président Bouteflika.