L'alliance semble s'atteler déjà à préparer le futur président dont la tendance doit cadrer avec ses orientations politiques. Le bureau de l'APN tiendra sa première réunion demain, 24 heures après la prestation de serment par le président Bouteflika. Un rendez-vous très appréhendé par les observateurs et la classe politique, lesquels qualifient cette rencontre de «décisive». Les attentes divergent, tout dépend de quel côté on se place. Pour les représentants de l'alliance stratégique, en l'occurrence le MSP, le RND et les redresseurs du FLN, la réunion sera le point de chute d'un long travail de coulisse ayant pour principal objectif de destituer l'actuel président de l'APN, M.Karim Younès. Ce dernier, réputé proche de Benflis, n'a plus de place, selon eux, au sein la chambre basse après les résultats du scrutin de 8 avril sanctionnés «par un échec fracassant de l'aile proche de Benflis». L'alliance semble s'atteler déjà à préparer le futur président, dont la tendance doit cadrer avec ses orientations politiques. En d'autres termes, à en croire les déclarations de M. Miloud Chorfi, chef du groupe parlementaire du RND, «ce dernier doit être issu de l'alliance». Reste un détail important. De quel parti sortira le futur désigné ? Selon certaines indiscrétions, des divergences ont resurgi au sein du groupe des trois, autour du nom à présenter. Contacté par nos soins, M.Miloud Chorfi a précisé qu'«au niveau du RND, on respecte la démocratie. Le président de l'APN représentera, de ce fait, le parti majoritaire au sein de l'alliance». Cette mise au point confirme, si besoin est, l'absence d'un consensus au sein de l'alliance autour de cette question. Elle démontre aussi sa volonté de contrôler la chambre basse du parlement. Une intention légitime, semble penser le chef du groupe parlementaire du RND, arguant le fait que l'alliance constitue désormais une majorité. Notre interlocuteur, qui n'avance pas de chiffre, estime très important, «le nombre des députés de Benflis qui ont rallié le camp des redresseurs». Le MSP, qui a affiché publiquement son intention de récupérer 71 sièges au parlement, pense pour sa part que le «plus important c'est d'éviter une crise institutionnelle et qu'il est légitime, au vu des évolutions, que l'alliance devienne une véritable force politique, notamment au sein de l'APN».En attendant la réunion officielle prévue pour mardi, une rencontre a rassemblé samedi les vice-présidents de l'APN en présence de Karim Younès. Ce dernier n'a à aucun moment révélé son intention de se retirer. Selon une source proche de l'APN, le sort de ce dernier n'a pas été discuté. La raison est très simple : la Constitution et le règlement intérieur de l'APN stipulent que le président de l'assemblée est élu pour la durée de la législature (cinq ans), il ne peut de ce fait, être destitué ou faire l'objet d'une motion de censure. Toujours selon notre source, Karim Younès a laissé comprendre à ses proches collaborateurs qu'il révélerait sa décision après la reprise des travaux de l'APN. Désignée comme seule force de l'opposition au sein de l'APN, El Islah a vite fait de se démarquer des tractations visant à faire pression sur Karim Younès pour l'amener à démissionner. «Le président de l'APN a été élu par la majorité des députés, toute tentative visant à le destituer est anticonstitutionnelle» nous dira M.Abou Baker Salah député d'El Islah et membre de la Commission juridique de l'APN. Lui emboîtant le pas, M.Lakhdar Benmekhlouf vice-président de l'assemblée populaire ajoute que «nous n'avons de problème avec aucun courant à l'APN y compris avec Karim Younès». El Islah, selon ses dires, restera dans l'opposition et refuse de participer du manoeuvres colportées contre les élus du peuple.