L'Opep devrait laisser inchangé son plafond de production lors de sa réunion mercredi à Vienne, malgré une possible augmentation de la production iranienne et irakienne et une demande déclinante pour son brut l'année prochaine. "Nous savons que la demande est bonne, que la croissance économique est bonne, que l'offre est bonne, pourquoi abaisser" le plafond de production?, a déclaré mercredi le ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Nouaïmi avant le début de la 164e réunion ministérielle de l'Organisation des pays exportateur de pétrole (Opep). Le représentant du premier producteur mondial de brut et chef de file du cartel a également indiqué qu'il y avait un consensus sur la nomination d'un nouveau secrétaire général en remplacement du Libyen Abdallah El-Badri. "Je crois que notre décision sera de maintenir le niveau de notre production, à 30 millions de barils par jour (mbj)", son niveau depuis décembre 2011, a abondé mercredi le ministre angolais du Pétrole, José Botelho de Vasconcelos. Son homologue vénézuélien Rafael Ramirez a également indiqué juste avant la réunion s'attendre au statu quo. Pourtant, "le simple renouvellement de la cible totale (de production), peut-être suffisant pour éviter que les prix ne chutent dans la première partie de l'année prochaine, ne permettra pas de s'atteler au défi réel que devrait rencontrer l'organisation" en 2014, ont estimé dans une note les analystes du Centre d'études énergétiques mondiales (CGES). Ce défi prend principalement la forme d'une possible forte augmentation de l'offre en provenance de l'Opep l'année prochaine, au moment où la production hors-Opep progresse également à grande vitesse -- notamment grâce à l'exploitation du pétrole de schiste aux Etats-Unis. Pourtant, les ministres des pays membres du cartel n'ont pas semblé inquiets d'un possible retour en force de l'Iran sur le marché pétrolier international, si les sanctions liées à son programme nucléaire controversé étaient complètement levées. "Je ne sais pas pourquoi les gens sont préoccupés par l'Iran. J'espère que l'Iran reviendra (et) produira tout ce qu'il peut", a ainsi affirmé M. Nouaïmi. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh a affirmé mardi que le pays pouvait retourner "immédiatement" à son niveau de production d'avant les sanctions de 4 mbj dès la levée complète des sanctions. "C'est notre but (de redevenir une grande puissance pétrolière). Nous n'avons pas d'autre choix", a martelé mercredi le ministre iranien, estimant par ailleurs que l'Opep savait gérer le retour sur le marché de ses membres après une interruption. L'augmentation de l'offre pourrait également venir d'Irak, qui prévoit d'exporter 3,4 mbj en 2014 contre 2,318 mbj en novembre, et de Libye, qui espère voir sa production rétablie rapidement. "Nous espérons que tous les ports seront ouverts le 10 décembre" et "une semaine après ce jour" être de retour à une production normale de 1,5 mbj, a affirmé mercredi le ministre libyen du Pétrole, Abdelbari al-Aroussi. La production libyenne de brut est altérée depuis cet été par divers grèves et manifestations sur les lieux de production et d'exportation de pétrole, chutant à 250.000 barils en novembre contre 1,5 mbj en temps normal. Début octobre, M. Aroussi avait déjà déclaré qu'il espérait que le pays revienne rapidement à son niveau normal de production. Mais ses souhaits n'avaient pas été suivis d'effet, étant donné que la production libyenne a depuis chuté d'environ 650.000 barils à 250.000 barils en novembre. Jusqu'ici, l'Arabie saoudite a joué le rôle de "banque centrale" du pétrole en augmentant ou réduisant sa production selon l'évolution de l'offre mondiale pour maintenir le prix du baril du brut autour de 100 dollars, qu'il estime idéal. Mais, comme préviennent les analystes de CGES, "ce fut une politique acceptable tant que le Royaume a pu la mettre en place sans supporter de grandes réductions de production, mais ce ne sera plus faisable s'il doit trop réduire sa production".