Les deux signataires se sont engagés par écrit à mettre hors de cause le sigle de l'Ugta. De sources crédibles et proches de la centrale Ugta, on apprend que le secrétaire général de celle-ci a rappelé à l'ordre le député FLN Mohamed Lakhdar Badreddine, également secrétaire national chargé des affaires économiques et secrétaire général de la puissante fédération des pétroliers. Ce dernier, il faut le dire, avait signé la pétition demandant le départ immédiat du président Bouteflika en sa qualité de cadre de l'UGTA. Le rappel à l'ordre de Sidi Saïd, apprend-on, n'est pas resté sans écho puisque, nous disent nos sources, «le concerné a déclaré par écrit n'avoir signé la pétition qu'en sa qualité de député du FLN». Le même scénario s'est produit concernant le secrétaire général de la fédération des retraités. M. Azzi. Ce dernier avait, au contraire, pris ses précautions en ne signant qu'en sa qualité de «syndicaliste, sans préciser à quelle organisation il appartient». Sans ce rapide et efficace rappel à l'ordre, soulignent nos sources, «le risque d'aller vers un effet tache d'huile n'était pas écarté». Ceci étant, «la démarche de Sidi Saïd ne constitue en rien un soutien implicite au président Bouteflika. Elle a juste cherché à préserver la cohésion des rangs de l'UGTA, dont l'objectif premier est la défense des travailleurs et du tissu économique existant». Ce n'est pas tout. Comme le précisent encore nos sources, il a été mis le holà à ce dérapage conformément à des décisions très claires prises en ce sens lors de la réunion du 14 décembre dernier interdisant à quiconque de s'exprimer politiquement au nom de l'Ugta avant la réunion de la CEN (Commission exécutive nationale) qui ne laissera pas de se pencher sur la question de présidentielle. Le secrétaire général de l'Ugta, également porte-parole de la centrale, dans un entretien exclusif qu'il nous avait accordé au mois de septembre passé, avait déjà annoncé les résultats de cette rencontre qui avait regroupé les secrétaires généraux des fédérations et des unions de wilaya. «En attendant que la CEN tienne sa réunion, se penche sur la question de la présidentielle, et décide peut-être d'aller vers une seconde réunion, une fois la décision du conseil constitutionnel rendue publique par rapport aux candidatures officielles, l'éventuel soutien à un quelconque candidat sera pris démocratiquement, en présence de la presse, et la minorité n'aura qu'à s'y plier.» C'est ce que nous avait déclaré Sidi Saïd, ajoutant qu'«en attendant ces échéances, personne n'avait le droit de s'exprimer sur les questions politiques au nom de l'Ugta, même pas son secrétaire général, sous peine de sanctions disciplinaires». Il est vrai que c'est la première fois que le secrétaire général a recours à ce genre de mesures extrêmes. Car, c'est aussi la première fois que l'Ugta est menacée de vivre de graves dissensions pouvant aller jusqu'à son éclatement, à l'image de ce qui se passe présentement au FLN. Les courants qui soutiennent d'un côté Benflis, et de l'autre Bouteflika, s'affrontent littéralement à couteaux tirés au sein de presque toutes les instances horizontales et verticales de l'Ugta. C'est ce conflit, du reste, qui aurait motivé le report à plusieurs reprises de la réunion de la CEN. D'autant que toutes les rencontres de ce genre, sous la direction de Sidi Saïd, sont ouvertes à la presse, ce qui est une première dans les annales de l'Ugta. La CEN, qui devait se réunir en décembre, a reporté le rendez-vous pour janvier, avant que la décision ne soit prise de surseoir définitivement à sa tenue en attendant que les choses se décantent d'une manière ou d'une autre. L'Ugta, qui veut se baser sur les programmes des uns et des autres avant de prendre la moindre décision, refuse de se laisser emporter par la passion déchirante qui traverse actuellement la scène politique et les institutions de la République à cause du conflit qui secoue le FLN. Désormais, la préservation de la puissante Ugta, avec tous les acquis qu'elle représente pour les travailleurs, est devenue une mission primordiale pour son secrétaire général. Dure mission, s'il en est, à voir les pressions exercées sur la direction de la centrale pour l'amener à soutenir sans conditions un second mandat du président Bouteflika. Nous y reviendrons.