De grandes manifestations pour clamer son attachement à l'Indépendance du pays Le rôle des femmes et des enfants fut prépondérant ce jour-là. Plus d'un demi-siècle s'est écoulé depuis l'événement du 11 Décembre 1960, journée qui a vu tout un peuple manifester pacifiquement pour clamer son attachement à l'indépendance de l'Algérie en criant «Vive le FLN», «Vive le Gpra» et «Libérez Ben Bella». Cette journée mémorable est inscrite dans les jalons de l'Histoire du pays en lutte pour le recouvrement de son indépendance après 130 ans de colonisation abjecte. Les clameurs de «Belcourt» (actuellement Belouizdad) et de la Casbah, tout comme celles ayant retenti au-dessus de tous les quartiers algériens d'Alger et de l'ensemble du pays, ont été entendues derrière les baies vitrées de Manhattan, où siège l'ONU, dixit alors feu M'hamed Yazid, ministre de l'Information du Gouvernement provisoire de la République algérienne. Pour commémorer cette journée glorieuse, l'Association Mechaal Echahid a organisé une rencontre au Centre de presse d'El Moudjahid. A cette occasion, Me Fatima Benbraham a retracé, dans un silence respectueux, la genèse de la Révolution algérienne en passant par ce jour où le peuple a manifesté hardiment face aux «baïonnettes» des troupes d'occupation. Ne comprenant pas que le glas de la colonisation des peuples d'Afrique avait sonné, De Gaulle avait, à l'époque, après plusieurs opérations de tueries, de disparitions, de tortures...effectuées par la soldatesque coloniale, lancé l'opération dite de «pacification» en appui avec l'idée «d'assimilation» prônée. Ne disait-il pas, rappelle Benbraham, que selon lui, le cas de l'Algérie était différent de celui des autres pays colonisés par la France? Ce soulèvement spontané, déclenché après la «nuit des casseroles» organisée par les pieds-noirs ultras qui scandaient des slogans pour une «Algérie française», a provoqué une mise à l'étude au sein de l'ONU où l'ex-président des Etats-Unis, John F. Kennedy, avait, déjà le 2 juillet 1957, prononcé un discours courageux favorable à la lutte du peuple algérien pour son indépendance. Benbraham n'a pas manqué de souligner l'importance de la participation des enfants et des femmes à ce soulèvement en jouant un rôle «extraordinaire». Les femmes veillaient des nuits entières secrètement pour confectionner des drapeaux algériens alors que les enfants servaient de liens précieux entre les groupes de manifestants et le FLN dans sa tentative de récupération (réussie) d'un mouvement populaire spontané. Elles ont sorties «tous voiles dehors» en se débarrassant de leurs haïks et de leurs voilettes malgré la «horma» de l'époque pour mieux crier leur désir de vivre libres. Me Benbraham a déploré qu'aucune statistique de dénombrement de morts et de blessés n'existe. En effet, les morts et blessés victimes de la «chasse à l'arabe», n'étaient pas dirigés vers des hôpitaux officiels, mais acheminés vers des «hôpitaux de campagne». Ceux-ci étaient situés pour l'un, par exemple, à l'école Sainte Chantal, près des actuelles rues Necira-Nounou et Larbi-Tebessi et que dirigeaient les Docteurs Aroua et Chorfa. Les autres centres d'accueil des blessés à la Casbah ont été élus dans les hammams qui disposaient de matelas, d'eau et de chaleur réconfortante en cette période d'hiver. Une maison de l'ex-rue de la Lyre, actuellement Rue Bouzrina, servait également d'hospice pour les soins urgents. Il faut dire que tous les dispensaires situés dans des quartiers algériens ont été vidés de leurs médicaments pour être répartis à travers ces centres de soins improvisés, nous confiait un vieil habitant de «Belcourt» présent à la rencontre d'hier.