C'est ce qu'a déclaré le Général américain John Abizaid. Sur le front sunnite, l'accalmie a encore tenu hier dans la ville rebelle de Falloujah où, selon un médiateur du Parti islamique irakien (PII), Fouad Raoui, la trêve a été prolongée jusqu'à hier soir. Ainsi, c'est la deuxième fois, depuis l'accord entre les rebelles et les forces de la coalition, dimanche, que le cessez-le-feu est reconduit pour 12 nouvelles heures. Cette prorogation de la trêve a été mise à profit par les habitants de Falloujah pour enterrer leurs morts. Faisant un bilan des victimes de sept jours de combat, Fouad Raoui indique que parmi les 600 morts irakiens recensés, il y avait 160 femmes, 141 enfants et de nombreuses personnes âgées, outre les 1250 blessés. Le médiateur irakien annonçant la reconduction de la trêve a indiqué par ailleurs : «Nous restons optimistes et espérons obtenir des résultats positifs mardi (hier). Les négociations se poursuivent et c'est le plus important.» Toutefois cet optimisme ne semble pas partagé par le général Ricardo Sanchez, le plus haut gradé américain en Irak, qui minimise les pourparlers actuels indiquant en revanche : «Il s'agit de discussions initiales. Nous ne négocions pas jusqu'à ce que nous ayons atteint un degré de confiance (suffisant) et une période de stabilité.» L'important est que, hier, on ne s'est pas battu à Falloujah. Cependant, la coalition n'a pas confirmé le début de retrait des marines retranchés dans la ville rebelle, comme l'indiquait le médiateur, qui affirmait que les marines se sont partiellement retirés. Sur le front chiite, la situation est moins claire, c'est même la confusion après l'arrestation à Bagdad du lieutenant de Moqtada Sadr, le cheikh Hazem Al-Araaji, qui tenait une conférence de presse dans le secteur sécurisé de l'Hôtel Palestine à Bagdad. Cette arrestation a provoqué l'ire des partisans du jeune radical chiite. L'un des adjoints de Cheikh Hazem Al-Araaji, Fadel Marzouk Al-Ameri a ainsi menacé : «Nous condamnons cet acte criminel. Nous allons tenter de le libérer de manière pacifique et si nous ne réussissons pas, nous utiliserons tous les moyens, y compris la violence». De fait, c'est l'arrestation d'un autre proche de Moqtada Sadr, Yaacoub Al-Yasseri, la semaine dernière, qui a mis le feu aux poudres chez les chiites radicaux. Mais les forces américaines semblent maintenant concentrer tous leurs efforts sur le chef radical, Moqtada Sadr, en vue de l'arrêter ou de «le tuer», comme vient de l'affirmer le général John Abizaid, chef du Commandement central américain (Centcom) qui a indiqué lors d'une vidéoconférence que: «La mission des forces américaines est de tuer ou capturer Moqtada Sadr. C'est notre mission.» Le général Abizaid a également déclaré, du fait des dernières évolutions sur le terrain, avoir demandé le déploiement en Irak de deux brigades de combat supplémentaires. Ce qui constitue l'équivalent de 10.000 hommes. Toutefois, depuis quelques jours c'est encore la question des otages, ou disparus, un troisième front en quelque sorte, qui devient de plus en plus préoccupant pour la coalition et pour les pays dont des ressortissants travaillent, à un titre ou à un autre, en Irak. Avec la disparition hier de quatre Italiens, ce sont 21 personnes de diverses nationalités qui se trouveraient aux mains d'hommes qui, jusqu'ici, ne se sont pas clairement identifiés. Hier toujours, sept Chinois, cinq Ukrainiens et trois Russes ont été libérés, mais le nombre de ceux encore détenus demeure important. De fait, plusieurs pays, dont la France et la Russie, ont recommandé hier à leurs nationaux de quitter l'Irak. Par ailleurs, plusieurs ONG humanitaires ont, de leur côté, commencé à faire évacuer leurs expatriés. L'ouverture des fronts sunnites et chiites, conjugués au nouveau problème induit par les prises d'otages, ont quelque peu mis en sourdine les questions politiques récurrentes que l'émissaire de l'ONU, Lakhdaer Brahimi, devait étudier avec le Conseil transitoire irakien. En tout état de cause, la dégradation continue de la situation en Irak, les combats qui s'y déroulent, la nouvelle plaie que sont les prises d'otages, sont autant d'échecs cinglants pour les Etats-Unis et leur politique de pacification de l'Irak.