La justice crée la confusion dans l'affaire qui oppose les “redresseurs” à la direction légale du FLN. Bien que non encore notifiée, la décision judiciaire de la chambre administrative près la cour d'Alger, du 30 décembre dernier, se voit quand même appliquée. Au moment où la direction légale du FLN ainsi que le mouvement putschiste dit de “redressement” continuent d'activer sur le terrain, les avoirs financiers du vieux parti se trouvent, quant à eux, gelés. Comment ? “C'est au moment où des responsables du parti se sont rapprochés des banques dans lesquelles sont domiciliés les comptes du FLN, pour retirer les salaires de nos employés, que nous avons pris connaissance du gel effectif des avoirs de notre formation”, nous confie une source proche de la direction du parti qui précise que le gel est intervenu le 30 décembre dernier, soit exactement le jour même du prononcé de la décision d'invalidation du VIIIe congrès par le juge Abdelmalek Boubetra, président de la chambre administrative de la cour d'Alger. “En leur demandant de nous montrer des documents notifiant le gel des comptes du FLN, les responsables de ces établissements financiers, qui ont été incapables d'exhiber une quelconque décision écrite, nous ont confié, par contre, avoir reçu des instructions verbales pour bloquer ces avoirs”, précise encore notre source. Pourtant, le gel des avoirs financiers ne peut intervenir que suite à une double décision, selon un juriste. La première décision doit émaner de la chambre administrative de la cour d'Alger, dans laquelle est notifié ce gel, la seconde doit intervenir suite à une ordonnance délivrée aux banques dans lesquelles sont domiciliés les comptes du FLN par le président de la chambre administrative. Le décalage existant par ailleurs, entre le gel effectif des avoirs financiers et la notification de la décision d'invalidation du VIIIe congrès et du gel de ses activités est expliqué par les conséquences de la décision sur le mouvement dit de “redressement”. En ce sens que la justice, en délivrant son jugement en entier (les attendus et les motifs) pénalisera, non seulement la direction légale du parti d'Ali Benflis, mais également celle du mouvement putschiste de Abdelaziz Belkhadem. Cette structure qui n'a aucune existence au yeux de la loi se trouve, en effet, devant l'impératif de se doter d'instances, en organisant une conférence nationale ou un congrès dans l'objectif de plébisciter la candidature du président Bouteflika, pour la prochaine présidentielle. Mais la tenue du congrès est totalement compromise pour les putschistes, eu égard à leur incapacité de réunir les deux tiers du comité central (CC) issu du VIIe congrès. Le patron du FLN, Ali Benflis, tiendra demain, jeudi, à ce propos une conférence de presse au cours de laquelle, il expliquera, preuve à l'appui, l'impossibilité pour les “redresseurs” de convoquer un congrès du FLN, en se basant sur les instances et les statuts du VIIe congrès. La raison en est que plus des deux tiers du CC du VIIe congrès ont déjà signé une motion de soutien au secrétaire général du FLN. Alors une question : la justice trouvera-t-elle une nouvelle parade pour permettre aux “redresseurs” de tenir leur congrès ? N. M.