La rue est toujours indifférente à la prochaine élection Alors qu'il existe 12 chaînes privées en Algérie, les partis politiques de l'opposition et les anciens candidats à la présidentielle restent étrangement silencieux, à quatre mois de la présidentielle 2014. Jamais la classe politique nationale n'a été autant au chômage technique. A quatre mois de la présidentielle 2014, la scène politique est désespérément silencieuse. Cette situation indélicate a créé un flou général et un suspense grandissant dans le monde de la presse et des observateurs politiques. Et pourtant, depuis l'avènement du pluralisme politique, les partis ont toujours été très actifs sur le terrain médiatique, au moins six mois avant une échéance électorale. Aujourd'hui, les seuls leaders des partis politiques qui s'expriment, sont dans le gouvernement ou du côté du pouvoir: Amara Benyounès, Amar Saâdani ou Amar Ghoul. Les partis qui étaient connus pour leur campagne de boycott des élections législatives ou présidentielles se sont bizarrement tus. C'est le cas notamment du RCD qui avait appelé au boycott actif de la présidentielle de 1999 et le FFS qui avait boycotté les élections législatives de 2002 et de 2007 ainsi que l'élection présidentielle de 2009. Ces partis n'activent plus sur le terrain, perdant visiblement du terrain face à de nouveaux partis comme TAJ et le MPA. Le FFS qui a toujours été considéré comme le plus vieux parti de l'opposition, ne s'exprime qu'à travers l'Assemblée. Sa dernière revendication a été de réclamer la vérité sur les assassinats politiques commis depuis l'indépendance. Cette sortie médiatique faite par le premier secrétaire du FFS, Ahmed Betatache en marge de la Journée parlementaire sur «l'indépendance du pouvoir judiciaire: garant de la protection des droits de l'homme» à l'Assemblée, n'est pas nouvelle. Pis! Cette revendication du FFS est aussi vieille que le parti: il réclamait la vérité sur l'assassinat de l'avocat du FFS Ali Mecili à Paris (France) le 7 avril 1987, depuis les années 1990. Mais, s'agissant de l'actualité politique, le FFS ne s'est pas ouvertement exprimé sur la présidentielle, ni animé une conférence ou un meeting sur cette question. Même constat pour le RCD, qui depuis le départ de Saïd Sadi de la présidence du parti le 9 mars 2012, n'est plus actif sur le terrain politique. Le camp des démocrates a perdu de sa ferveur et les sorties du nouveau président du parti démocratique Mohcine Belabbas, ne font plus recette. Le RCD et le FFS qui ont durant plus de 20 ans constitué l'aile dure de l'opposition contre les partis du pouvoir, n'ont plus de force et de souffle. A côté de ces partis au passé historique connu et affirmé, on citera également le silence troublant des partis d'extrême gauche: le MDS et le PST et surtout le PT. Ce dernier est depuis plus d'une dizaine d'années et plus précisément depuis 2004 en veilleuse. Le PT a mis ses discours alarmants en mode silencieux. Le PT qui était connu pour ses nombreux combats: la corruption, les disparus ou la privatisation a, depuis quelque temps, modéré ses propos et la porte-parole du parti Louisa Hanoune, qui était présentée comme une pasionaria de la politique est aujourd'hui présente dans les réseaux sociaux comme une politicienne «de droite» proche du pouvoir. Le MDS et le PST de Chawki Salhi sont quasiment inexistants sur le terrain politique. Ils ne se réveillent que durant les élections locales ou législatives pour justifier leur existence administrative devant le ministère de l'Intérieur. Le plus étonnant encore, c'est l'absence très remarquée du FNA de Moussa Touati, qui avait obtenu 2,31% des voix lors de l'élection présidentielle de 2009 et dont le parti avait remporté neuf sièges lors des législatives de 2012. Moussa Touati qui est un candidat potentiel pour la présidentielle de 2014, reste sensiblement silencieux sur le terrain. Même constat d'absence politique chez les partis islamistes. Le MSP, et son président Abderrezak Makri qui était présent en septembre et octobre derniers, s'est sensiblement caché depuis fin novembre et début décembre en cours. Même constatation chez le président du parti Adala de Abdellah Djaballah et chez le parti Islah de Djahid Younsi ou encore le FAN de Djamel Ould Abdeslam. Tous ces partis islamistes ont visiblement fait «le carême politique» durant ce mois de décembre, en attendant de voir plus clair après la convocation du corps électoral. A côté de ces partis historiques de la démocratie algérienne, il y a également le silence troublant des personnalités politiques, qui n'ont fait aucune déclaration à la presse pour évoquer ce flou politique qui entoure la présidentielle de 2014. En effet, les anciens candidats aux présidentielles de 1995 à 2004, Hamrouche, Benflis, Sifi, Khatib, Taleb Ibrahimi et même Boukrouh sont restés étrangement silencieux, laissant le terrain à des candidats sans poids politique réel sur le terrain: Djilali Sofiane et Benbitour.