Au lieu d'ouvrir la liste des candidatures partisanes pour la prochaine élection présidentielle, le dernier remaniement ministériel semble l'avoir fermée. La prochaine élection présidentielle est au centre de tous les débats politiques. Elle est à l'ordre du jour de tous les partis, à quelque exception près. Paradoxalement, aucun candidat partisan n'est venu bousculer la longue attente ambiante des annonces de candidatures qui est, par ailleurs, appelée à durer. Pour des raisons politiques évidentes, les responsables politiques poussent l'échéance à chaque fois et ce, à trois mois des délais légaux de la convocation du corps électoral et à quelques sept mois de l'échéance elle-même. Le dernier remaniement ministériel opéré par la Présidence de la République, le 11 septembre dernier, au lieu de précipiter les annonces, a produit l'effet inverse: avec l'éventualité de la présentation de Bouteflika à un 4e mandat, tout le monde préfère temporiser en attendant les prochains jours, semaines ou mois, permettent une meilleure visibilité. Au lieu de dissiper le flou qui entoure la prochaine élection, le remaniement en a ajouté une couche. Du coup, la classe politique semble bloquée. «Le Président Bouteflika peut-il prétendre à un autre mandat malgré son état de santé?», se demandent les partis politiques qui n'écartent, toutefois, pas cette éventualité. C'est la raison, d'ailleurs, pour laquelle ils ont décidé de temporiser. A plus forte raison que les formations politiques, notamment de l'opposition, considèrent que le dernier changement de gouvernement n'est intervenu que pour baliser le terrain au 4e mandat. Si les positions des partis du pouvoir et ceux qui lui sont proches sont justifiables, celles des partis de l'opposition le sont aussi. Le FLN, le RND, le TAJ, le MPA ont déjà annoncé leur soutien à Bouteflika s'il se décide à briguer un autre mandat. Les autres partis de l'opposition savent que face à Bouteflika, tout est joué d'avance et que leur rôle sera celui de figurant ou de lièvre, pour ne pas dire celui du mouton du sacrifice. En tout état de cause, tous les responsables politiques interrogés ces derniers jours sur leur intention à l'horizon du mois d'avril 2014 ont renvoyé la balle aux instances organiques de leurs partis respectifs qui retrouvent, pour la circonstance, leur souveraineté. Même l'ancien secrétaire général du FLN, candidat à la présidentielle de 2009, Ali Benflis n'a encore rien révélé de ses intentions malgré tout ce qui a été dit à propos de son projet et des comités de soutien qui se seraient formés en vue d'appuyer sa candidature. Idem pour les anciens candidats aux précédentes élections présidentielles. La secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, le président du PLJ, Mohamed Saïd, le président de AHD 54, Ali Fewzi Rebaïne, le secrétaire général du Mouvement El Islah, Djahid Younsi, le président du FNA, Moussa Touati (tous candidats humiliés par leurs scores lors de la présidentielle de 2009) n'ont pas encore annoncé leur intention de se présenter ou pas. En attendant ce que donneront les consultations des islamistes qui aspirent à présenter un candidat commun, force est de constater que même les partis de l'opposition démocratique n'ont exprimé aucun empressement à l'égard de la présidentielle prochaine. Si le FFS ne semble pas inscrire à son ordre du jour la question, l'ex-président du RCD, Saïd Sadi, s'est effacé de la scène politique depuis le dernier congrès du parti qui a vu Mohcine Belabbas lui succéder. Qui osera donc se présenter face à un Bouteflika déterminé à poursuivre son oeuvre? Pour le moment, il n'y a que l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, seul sur la ligne de départ. Il faut dire que ce n'est qu'en Algérie où, à trois mois de la convocation du corps électoral, aucun parti parmi toute la faune des partis qui existent, n'a avancé son candidat à une élection de la taille d'une présidentielle. Incroyable mais vrai.