La nouvelle instance qu'il a lancée a pour but de désenclaver la revendication citoyenne de la Kabylie. L'Expression : A quels desseins obéit la création de la Coordination nationale du mouvement citoyen des archs? Hakim Kacimi : La création de la Coordination nationale Mouvement citoyen des aârch (Cnmca) fait suite à un constat rigoureux que nous avons établi par rapport aux instances de l'interwilayas et les structures de base. Notre décision de donner naissance à la Cnmca est dictée notamment par notre souci de faire de notre mouvement une véritable alternative démocratique. Ce qui ne semble pas faire l'unanimité au sein de l'interwilayas où nous avons enregistré des faillites dans le fonctionnement de ses instances. Celle-ci est aussi affaiblie par un climat peu propice à la concrétisation de la plate-forme d'El Kseur. Elle est en proie à une division de ses rangs, des exclusions...Une situation qui nous a donc poussé à créer cette nouvelle structure pour mener à bien notre combat qui est la satisfaction entière de la plate-forme d'El Kseur. Cette nouvelle entité est définie aussi comme un cadre rassembleur de toutes les forces vives de la nation qui se battent pour la citoyenneté et la démocratie. Sur le registre organique, il devient, à nos yeux, impératif de désenclaver le mouvement de la revendication démocratique portée par la plate-forme d'El Kseur de la Kabylie pour l'élargir à toutes les régions du pays. Pour l'exemple, nous avons débuté avec 5 wilayas à savoir Bouira, Tizi, Béjaïa, Alger et Batna. Actuellement, nous sommes arrivés à 13 wilayas avec 35 délégués légitimes et authentiques mandatés par la base. Nous continuons à ce jour à recevoir un écho favorable à notre mouvement de la part des citoyens. Nous sommes actuellement en contact avec d'autres mouvements citoyens, Ouargla, les Aurès, Lebiod Sid Cheikh pour fédérer toutes les forces de sorte à donner une dimension nationale à notre projet démocratique. Nous prévoyons également d'impliquer la masse intellectuelle qui a déserté, faut-il le rappeler, l'interwilayas. L'adhésion de l'élite s'avère, de ce fait, indispensable pour donner un nouveau souffle à la dynamique citoyenne. Vous avez répondu favorablement au dernier appel du gouvernement. Est-ce à dire que vous faites l'impasse sur le principe de l'officialisation de tamazight sans référendum et sans condition? Le processus du déclenchement de la mise en oeuvre a été amorcé le 20 janvier dernier après la satisfaction par le gouvernement des cinq incidences. Cela dit, il y a eu cette suspension du processus prise par 18 délégués, sans avoir au préalable consulté la base. Le point d'achoppement étant évidemment le point 8 portant sur l'officialisation de la langue tamazight dont l'application par voie référendaire est une condition du gouvernement. Mais ces derniers, je le répète, ont agi sans consultation avec leur base alors qu'il fallait, à mon sens, poursuivre les négociations. Le chef du gouvernement qui a, en premier lieu, dit prendre acte du refus de l'officialisation de tamazight par voie référendaire lors du conclave de l'interwilayas réuni fin janvier à Sidi Rached. Avez-vous reçu des garanties de la part du gouvernement à ce sujet? Aucune garantie d'une quelconque partie ne nous a été adressée. Je pense qu'il faut continuer à militer et mobiliser l'ensemble des personnes dans le cadre de notre coordination de citoyens pour pouvoir satisfaire les revendications porteuses d'un véritable projet démocratique. Nous nous sommes montrés depuis le début favorables au dialogue. Après l'appel d'Ouyahia, lors de la récente conférence de presse qu'il a animée au lendemain de l'élection présidentielle, invitant le mouvement des arch à entériner l'accord global portant la mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur, des réunions ont lieu actuellement de nos structures de base en Kabylie qui vont s'élargir à d'autres régions du pays. Nous avons installé aussi une commission de suivi et de mise en oeuvre à juste propos. L'accord global pour lequel vous militez signera-t-il pour autant la fin de la crise en Kabylie? Contrairement aux allégations de certains, j'affirme qu'il n'y a plus de crise en Kabylie. Les quelques tiraillements qui subsistent encore, demeurent circonscrits à certaines communes sans plus. L'ampleur des émeutes a diminué de 90%. La preuve est que dans le scrutin présidentiel les gens ont voté, et ce, en dépit des incidents qui ont marqué certaines communes. Actuellement nous allons droit vers la mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur. A ce propos, nous avons face à nous un président de la République qui n'est plus dans la situation de 1999. Au contraire, Bouteflika bénéficie d'une légitimité populaire incontestable. Ce qui rend notre démarche plus crédible.