La base du parti de Benflis reste fidèle aux orientations de son secrétaire général malgré les tentatives de l'en dévier. Les partisans du Président veulent faire main basse sur le prochain congrès du FLN. Leur objectif : réduire la marge de manœuvres de l'actuel secrétaire général, Ali Benflis, et torpiller son éventuelle candidature à la présidentielle de 2004. Une bataille en sourdine les oppose à la direction du FLN dont le choix pour 2004 semble tranché. Mais cette confrontation, à distance, semble avoir tourné, pour le moment, en faveur de Benflis dans la mesure où la base est restée insensible aux appels du pied des adeptes de cette option. A quelques semaines de la tenue de ce congrès, prévu pour la première semaine de mars, des responsables du parti, hostiles aux orientations de Benflis, multiplient les sorties et les tractations dans les wilayas du pays, particulièrement à l'ouest, pour tenter de retourner la base militante contre les choix de la direction. Deux hommes sont en charge de cette mission : Abdelkader Hadjar, actuel ambassadeur d'Algérie à Téhéran et Amar Tou, président de l'Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT). Ce dernier, dit-on, n'a pas hésité, lors de la dernière réunion de la commission de préparation du congrès, à lancer quasiment un appel à la rébellion contre les orientations de Ali Benflis. Hadjar et Tou ont déployé des trésors d'ingéniosité pour discréditer la démarche du patron du FLN. Mais leur relais à l'intérieur de l'appareil du parti ont échoué dans ces tentatives d'amener les structures de base à contester les dernières décisions du comité central. L'organe dirigeant du FLN avait, rappelle-t-on, écarté de l'ordre du jour du prochain congrès la question épineuse de l'élection présidentielle. Seuls deux points seront soumis aux congressistes : la révision des statuts et l'enrichissement du programme du parti. Cette décision, adoptée pourtant à l'unanimité, avait vite fait de soulever l'ire des partisans de l'actuel locataire du palais d'El-Mouradia qui voyaient en cette démarche une manière de priver Bouteflika du soutien du FLN pour un second mandat. Abdelkader Hadjar, Amar Tou et autres, hostiles à une candidature de Benflis en 2004 n'ont pas réussi à vendre leur option, la base du parti étant restée fidèle aux orientations de sa direction conformément aux résolutions du comité central. Les conférences qui se sont tenues récemment dans les 48 wilayas du pays pour préparer le prochain congrès se sont déroulées, pour la plupart, dans de “bonnes conditions”. “Aucune contestation n'a été soulevée dans les structures organiques du parti”, explique le porte-parole du FLN Abdeslam Medjahed. Biskra est la seule wilaya à avoir connu quelques remous où un ancien membre de la vieille garde du parti, écarté des listes des législatives du 30 mai 2002, a tenté de monter une fronde contre la ligne impulsée par Ali Benflis. Cet ancien mouhafedh, qu'on dit proche de l'actuel ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, lui-même originaire de cette région, a fini par démissionner et c'est Abdelkrim Abada, membre du comité central qui a été dépêché sur les lieux pour prendre en charge la conférence dans cette ville. Autre camouflet pour les partisans de Bouteflika : le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, réputé pourtant proche du Président, sollicité pour prêter main forte dans cette tentative d'OPA sur le FLN, a décliné l'offre. Belkhadem a opposé une fin de non-recevoir. “Je suis un militant discipliné, je respecte les consignes de la direction du parti”, aurait-il répondu à ses visiteurs. Mais les partisans de Benflis sont finalement parvenus à prendre le dessus. Les détracteurs de Benflis au sein du parti vont-ils pour autant abandonner la partie ? Rien n'est sûr. Selon le journal électronique Algeria-Interface, l'idée d'une conférence des cadres du FLN, qui se tiendrait juste avant le congrès, serait en gestation. Ce projet soutenu discrètement par Bouteflika a pour objectif de barrer la route à Ali Benflis en remettant sur les rails la vieille garde du parti. Pour ce faire, les initiateurs de ce projet comptent accorder le statut de délégués au congrès à tous les participants à cette conférence des cadres. Le FLN a démenti l'existence d'une telle initiative. Il n'est pas écarté que les adversaires de Benflis reviennent à la charge à l'occasion des conférences régionales, au nombre de sept, prévues les 16 et 17 février. Car ces conférences ont pour mission de ramasser les propositions de la base pour les soumettre à la commission nationale de préparation du congrès. Il se trouve que cette commission est présidée précisément par Ali Benflis. En somme, c'est la quadrature du cercle pour les partisans de Bouteflika. R. B.