Accord à Falloujah, Bush nomme Negroponte ambassadeur à Bagdad, le Honduras annonce le retrait de ses troupes. Un accord de cessation des hostilités a été signé à Falloujah entre les résistants irakiens et les marines américains. Cette nouvelle situation a induit, dès hier, un retour des civils qui ont été contraints de quitter la ville lors des durs combats qui l'ont secouée entre le 4 et le 13 avril dernier, combats qui laissèrent sur le terrain plus de 600 morts Irakiens et une quarantaine de marines américains, pour 1 250 blessés Irakiens. Ils étaient des dizaines de milliers de personnes à avoir fui Falloujah (ville de 300.000 habitants). Le retour de ces civils est consigné dans l'accord de lundi qui prévoit également des patrouilles de marines avec les forces de sécurité irakiennes, le désarmement des milices, l'amnistie contre la remise des armements lourds, de même que l'accès aux hôpitaux et l'enterrement des morts (en attente dans les morgues de la ville). A Najaf, c'est plutôt le statu quo et l'on observe depuis quelques jours un état de ni guerre ni paix, les deux parties demeurant sur leurs positions mais aucune, toutefois, ne semblant vouloir prendre sur elle la responsabilité d'engager les hostilités. Ainsi, les milices de l'Armée du Mehdi, du chef radical chiite Moqtada Sadr, tiennent fermement une ville assiégée depuis une dizaine de jours par les marines américains. Toutefois, une bataille à Najaf serait très dommageable pour les Américains, d'autant plus que dans un tel cas de figure, c'est toute la communauté chiite irakienne qui se joindrait à Moqtada Sadr, dont l'extrémisme n'est cependant approuvé ni par la population chiite dans sa grande majorité ni par les dignitaires religieux de la Marjaiya, et encore moins par le très influent ayatollah, Ali Sistani, qui refuse la violence, mais n'en estime pas moins que Najaf et Kerbala, sont une ligne rouge à ne pas dépasser par les Américains. Aussi, dans l'attente de trouver une issue à ce dilemme, marines américains et partisans de Moqtada Sadr, demeurent-ils l'arme au pied. La situation reste cependant explosive et peu s'embraser à n'importe quel moment. De fait, montrant qu'il maîtrise la situation dans le secteur de Najaf, Moqtada Sadr a ordonné lundi à ses partisans de cesser d'attaquer les soldats espagnols, stationnés à Najaf, dès l'instant où le président du Conseil espagnol, José Luis Zapatero a officialisé le départ des troupes espagnoles. De fait, l'annonce du retrait espagnol a induit un certain malaise dans les rangs de la coalition, d'autant plus que, imitant l'exemple de l'Espagne, le président du Honduras, Ricardo Maduro, a ordonné hier le retrait des troupes honduriennes d'Irak déclarant : «J'ai ordonné au secrétaire d'Etat à la Défense nationale, l'exécution de la décision prise dans le meilleur délai possible et dans des conditions de sécurité pour nos troupes», affirmant : «Les soldats (honduriens) avaient rempli les objectifs de la mission qui leur était assignée». Le Honduras, après l'Espagne et le Nicaragua en février, est le troisième pays hispanique à retirer ses troupes de la coalition internationale en Irak. Ces retraits n'ont pas encore fait tache d'huile, mais c'est indubitable, il y a comme un retour de bâton et le doute commence à travailler les coalisés, lesquels, quoique réaffirmant qu'ils restent en Irak, accentuent un certain malaise parmi les pays coalisés, malaise appelé à s'approfondir dans les prochains jours et semaines, si la situation sécuritaire demeure aussi instable qu'elle l'est actuellement. Si les pays ayant des troupes en Irak n'envisagent pas, dans le court terme, de quitter ce pays, ils excluent toutefois de prendre en charge les secteurs laissés vacants par le départ des troupes espagnoles et honduriennes comme l'a fait savoir hier, le commandement militaire italien. Excluant de remplacer les troupes ayant quitté l'Irak, le général Filiberto Cecchi indique : «Nous sommes au maximum de nos possibilités. De nouveaux sacrifices ne peuvent être demandés». Par ailleurs, dans la perspective du prochain départ de l'administrateur en chef américain en Irak, Paul Bremer, après le transfert de souveraineté aux Irakiens, le président Bush a nommé hier au poste d'ambassadeur des Etats-Unis en Irak, John Negroponte, l'actuel représentant des USA au Conseil de sécurité de l'ONU. Negroponte, proche du secrétaire d'Etat, Colin Powell, est considéré par les analystes comme le nouvel «Homme fort» américain en Irak qui conduira au nom des Etats-Unis, la nouvelle phase que va induire le transfert de pouvoir aux Irakiens.