Le Premier ministre a toute latitude pour former un gouvernement technocrate. Enarque et maîtrisant tous les rouages de l'Etat, M.Ouyahia a été reconduit dans ses fonctions de Premier ministre. La confiance accordée par le président de la République à cette personnalité sans faille, porte toute l'estime renvoyée par cet homme, quant à traiter les dossiers de développement sur les plans économique, social et culturel. Il reste néanmoins, la composition du prochain gouvernement dont le choix est défini selon des critères bien établis: compétence et technicité. Les spéculations vont bon train. M.Ouyahia reconduira-t-il la même composante à quelques variantes près, ou bien les exigences de l'heure mèneront-elles vers un profond remaniement? Sans nul doute, le premier ministre ne puisera que dans le lot des trois formations politiques ayant soutenu M.Bouteflika lors de cette élection, avec bien sûr, quelques éléments de l'entourage du président, mais non adhérents à quelque organisation politique qu'elle soit. En effet, la stabilité gouvernementale durant les cinq dernières années a pu résister aux successives crises malgré la démission de deux chefs de gouvernement. M.Ouyahia, rappelé à la rescousse pour prendre en charge et gérer les affaires de la nation, a réussi son pari à relancer le secteur économique, à juguler les grèves et enfin, à répondre à la fièvre sociale qui a failli dégénérer en crise politique des plus aiguës. Rappelons ici, la grève des enseignants, celles portées par les spécialistes de la santé, de la Protection civile, de l'université... pour ne citer que celles-là. Un accord de principe entre le pouvoir et les grévistes est toujours là pour désamorcer ces contradictions dues notamment, non pas à la faillite du système à mettre en place, mais plus au degré de changement des mentalités. La justification de ces crises, au demeurant passagères, est cette non-volonté d'une frange de la société à aller de l'avant, à changer son mode de penser, mais surtout, à accepter que l'Etat providence n'existe plus et que seul le travail demeure l'unique moyen de richesse. Aujourd'hui plus que jamais, le pragmatisme dans la gestion des affaires de la Nation est un critère de premier ordre qui doit guider M.Ouyahia à choisir son équipe. Chaque secteur, à des degrés différents, nécessite une personnalité intrinsèque et compétente pour éviter tout marasme. L'éducation, la justice, l'intérieur, la culture, l'agriculture... sont gangrenés par les maux incurables dont il faut extraire «le microbe». Tous les secteurs d'activité doivent connaître une croissance sous-tendue par une stabilité. Le président de la République n'a-t-il pas rappelé qu'à «travers le plan de soutien à la relance économique, l'effort public doit pouvoir désormais, être relayé pour permettre d'installer durablement le pays dans une trajectoire de croissance auto-entretenue». La tâche qui attend M.Ouyahia n'est pas des plus aisées. Mais, l'expérience alliée à cette praxis, démontrées sur le terrain durant son exercice, témoignent des capacités à tenir promesse. Les technocrates plus avertis des mécanismes de l'économie peuvent être d'un grand apport en cette période de transition. Sûrement, le Premier ministre trouvera toute la pâte voulue dans cette famille. Le RND, le MSP, l'UDR, les partisans de M.Bouteflika regorgent de gestionnaires de haute facture. M.Ouyahia n'aura qu'à choisir des nouveaux ou maintenir ceux déjà en place. En d'autres termes, le Premier ministre arrivera-t-il à convaincre la coalition, quant au choix des éléments maîtrisant les technicités de gestion des dossiers au détriment du politique? Le programme tracé par le président de la République requiert plus la compétence technique que l'initiative politique. M.Ouyahia arrivera-t-il à transcender cette question pour mener à bien cette lourde tâche?