Les apparences seront sauves dans cette future passation de consignes dont le processus avait commencé depuis deux semaines. Fait historique, s'il en est, quasi inconcevable il y a de cela quelques jours à peine, le coordonnateur national du mouvement de redressement du FLN, était hier l'hôte de marque du siège national de ce parti. Abdelaziz Belkhadem, accompagné de Mohamed Djeghaba, qui a remplacé Benflis à la tête d'une instance gelée par la justice, a présidé hier, tard dans la soirée, la première réunion de coordination de la commission de préparation du nouveau 8e congrès du FLN. Ces assises, qui devaient être celles du «redressement», puis du rassemblement, se sont transformées en «rencontre de la réconciliation», comme nous le disait récemment Amar Tou, un des principaux animateurs de l'aile FLNiste membre de l'alliance présidentielle. Belkhadem, arrivé seul aux environs de 18 h, a trouvé un bureau rempli de cadres et de militants. «Si j'avais su cela, j'aurais ramené avec moi des hommes», lance-t-il à la cantonade. Très vite rassuré, il est laissé seul avec Djeghaba et Abada. La rencontre, qui a duré jusqu'à l'heure où nous avons mis sous presse, a achoppé sur un nombre important de points. Belkhadem, apprend-on, aurait rejeté quatre noms choisis par Djeghaba pour faire partie de la commission de préparation du congrès à cause de leur hostilité trop affichée à l'adresse de Bouteflika. Le coordonnateur du mouvement lui-même ne semble pas en mener plus large puisque l'on croit savoir qu'il aurait écarté Hadjar et Barkat sans qu'aucune raison n'en ait été fournie. Dans le but manifeste de ressouder les rangs, des négociations poussées auraient lieu avec des personnages importants du FLN qui n'ont pas partie liée avec ce conflit. Il s'agirait notamment de Hamrouche, Bouhara et Mehri. Mais la tendance prédominante penche quand même en faveur d'un Belkhadem qui a à faire valoir une éclatante victoire présidentielle face à la cuisante défaite de Benflis. La rencontre, croit-on savoir a vu la participation de Karim Younès, Belkacem Zidouk et Sadek Bouguettaya, en leurs qualités respectives de président, vice-président et président de la commission des affaires étrangères au niveau de l'APN. Elle a été qualifiée «d'informelle», ne devant donc donner suite à aucune déclaration, ni prise de décision importante, en attendant que les tractations de coulisses aillent plus loin et que les modalités pratiques de «partage du pouvoir» soient arrêtées entre ces deux camps. L'absence d'Abbas Mikhalif, président du groupe parlementaire, est ainsi «significative à plus d'un titre» nous disent des sources qui soulignent que «sa tête a été demandée par les députés redresseurs» menés par un Daâdoua très dynamique espérant secrètement occuper ce poste. La rencontre d'hier, jugée très significative par l'ensemble des observateurs, constitue, aux yeux des principaux animateurs du mouvement de redressement du FLN, «unrenoncement» de la part de tous ceux qui ne voulaient en aucun cas entendre parler de «dialogue», «réconciliation» et encore moins de «nouveau congrès». Mais les apparences et les formes seront sauves jusqu'à la conférence de presse animée hier par Abada, membre du bureau politique du FLN issu du 7e congrès chargé de la communication. Même si aucune source n'a voulu le dire explicitement, la rencontre au sommet d'hier a permis à Abdelaziz Belkhadem de prendre officiellement les commandes du FLN, et de commencer à activer, enfin, presque légalement en direction de la préparation d'un nouveau 8e congrès. Chemin faisant, il semble que des «délestages» risquent d'être opérés. L'on croit savoir, ainsi, que des animateurs du mouvement de redressement ainsi que des «lieutenants» de Benflis vont être sacrifiés pour le bien du parti. La commission de préparation du congrès, dont la composition n'a toujours pas été définitivement arrêtée, promet pas mal de surprises. Au plan des modalités pratiques, des sources proches du mouvement de redressement nous apprennent que «l'ensemble des préparatifs techniques et matériels ont été parachevés pour la tenue de ce 8e congrès». Reste quand même à ouvrir les mouhafadhas et kasmas à l'ensemble des militants puisque le parti s'était scindé en deux dans l'ensemble des régions du pays. Sans doute faudra-t-il plusieurs semaines avant que les choses ne rentrent dans l'ordre et que toutes les clés, ou presque, nous disent ironiquement nos sources, «ne soient remises par les partisans locaux de Benflis aux animateurs du mouvement de redressement». Ce n'est qu'à partir de ce moment que les congrès régionaux, quatre au total, pourront se tenir enfin. Dans le meilleur des cas, croit-on savoir, le congrès national rassembleur pourrait avoir lieu au début de l'été, très probablement entre la fin-juin et le début-juillet.