Le chef de file des «redresseurs» a décidé de «mouiller le maillot» afin que le congrès puisse se tenir avant la fin de l'année. Le coordonnateur national du «mouvement de redressement du FLN», Abdelaziz Belkhadem, a eu un week-end chargé en animant des conférences-débats à Annaba et à Bouira. Jeudi, Belkadem a tenté de donner la pleine mesure de l'ampleur à laquelle est arrivé le mouvement hostile aux résolutions du 8e congrès de ce parti. Ainsi, Belkhadem a-t-il profité de son escale à Annaba, en compagnie d'un autre ministre, celui de la Jeunesse et des Sports, pour animer une conférence des élus de neuf wilayas de l'est du pays, après une rencontre similaire qui avait eu lieu le mois passé à Sétif. Belkhadem, à cette occasion, a annoncé que «sur les 15.000 élus locaux que comptent ces 9 wilayas, 10.000 ont rejoint le mouvement de redressement», ce qui représente les deux tiers des «grands électeurs» algériens. Nul doute, en effet, que cette annonce concerne la focalisation sur les sénatoriales dont la date a été officiellement fixée par le président Bouteflika au 30 décembre prochain. Lors de sa dernière réunion, le bureau de la coordination nationale du mouvement de redressement du FLN avait mis l'accent sur la nécessité de garantir une place de choix au sénat, qui soit conforme avec sa représentativité au sein des APC et APW du pays dont il contrôle plus de la moitié. Un véritable bras de fer est engagé en ce sens puisque le secrétaire général du FLN a, lui aussi, mis le paquet sur cette échéance en «démocratisant» le fonctionnement des instances locales de son parti et en permettant aux mouhafadhas de désigner elles-mêmes leurs candidats afin qu'ils soient conformes aux desiderata des membres du collège électoral. Sur un autre registre, Belkhadem a tenté de mettre en exergue le «dévouement» des militants qui ont rejoint son mouvement, indiquant que «pas moins de 50 locaux ont été gracieusement mis à sa disposition rien qu'au niveau de la wilaya de Annaba». Belkhadem, lors de ses sorties, qui mettent les touches finales aux quatre congrès régionaux, prévus dès le début du mois prochain, a rappelé que «'objectif de ce mouvement est de rassembler tout le monde lors d'un autre 8e congrès, devant être celui des retrouvailles». Il a ajouté que «le FLN, engagé dans le combat pour la stabilité des institutions du pays, n'a jamais été un tremplin pour satisfaire les ambitions personnelles». Si l'allusion concerne Ali Benflis au premier chef, il est permis de croire qu'elle a également trait à la candidature de Bouteflika. Le lendemain, vendredi, Belkhadem était l'hôte de Bouira, contredisant ainsi des informations qui faisaient état de l'annulation de cette escale à cause «des risques de dérapage qui pouvaient en résulter» et de «l'absence de militants favorables à ce mouvement». La rencontre a concerné les wilayas de Tipaza, Boumerdès, Alger, Blida, Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa. Cette rencontre, qui concerne les wilayas du centre du pays, semble avoir évité Alger dans le but de ne pas aller vers de nouveaux affrontements sanglants comme ceux qui avaient été enregistrés l'été passé aux Pins-Maritimes et à la salle Ibn-Khaldoun, à quelques mètres à peine du Palais du gouvernement. Lors de la rencontre, assez brève, qu'a eue hier matin Belkhadem avec les sympathisants du mouvement, il a également annoncé que plus de la moitié des élus du Centre ont rejoint la coordination, dont de nombreux P-APC et P-APW, dont celui de la wilaya de Bouira, ajoutant que le rythme des adhésions demeure très soutenu. M.Si-Afif indique que 40 wilayas sont déjà dotées de coordonnateurs régionaux, précise que cette démarche sera finalisée avant l'Aïd, ajoutant que le calendrier sera scrupuleusement respecté et que le congrès de redressement et de réconciliation aura lieu durant les 30 derniers jours du mois de décembre. Il lance, au passage, «un appel à Benflis pour prendre part à ce congrès, ou à se retirer par la grande porte tant qu'il en est encore temps».