Les forces de sécurité irakiennes poursuivaient vendredi l'assaut lancé la veille contre un camp d'insurgés dans la province d'Al-Anbar, où six personnes ont péri en 48 heures dans des attentats ou bombardements. Face à la dégradation de la situation, un haut responsable américain de la Défense a indiqué que l'armée américaine était prête à entraîner dans un pays tiers des forces irakiennes pour des missions antiterroristes. Les autorités ont perdu depuis plus de deux semaines le contrôle de Fallouja et de secteurs de Ramadi, dans la province d'Al-Anbar, au profit d'hommes armés, dont des combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), lié à Al Qaîda, et des membres de tribus hostiles au gouvernement. Déclenchés le 30 décembre par le démantèlement à Ramadi d'un camp de protestataires sunnites anti-gouvernementaux, les affrontements à Al-Anbar ont fait plus de 260 morts, selon des sources médicales et officielles. Et le bilan total des morts dans le pays depuis le début de l'année s'élève déjà à plus de 600. Vendredi, des milliers de membres des forces d'élite irakiennes ont poursuivi leur assaut contre un camp d'insurgés à Al-Boubali, une zone rurale située entre Ramadi et Fallouja où les responsables de sécurité affirment que de nombreux hommes armés ont trouvé refuge. Appuyées par des chars, les forces de sécurité étaient également à la recherche des corps de huit des leurs, tués dans des attaques d'insurgés, ont indiqué deux policiers, précisant que la présence de tireurs embusqués ralentissaient leurs recherches. Les forces ne bénéficient plus de l'appui aérien mis en place au début de l'offensive, par crainte que les insurgés disposent d'armes anti-aériennes, ont-il ajouté. Jeudi soir, un attentat suicide visant des miliciens anti-Al Qaîda à Ramadi a fait trois morts, ont indiqué un policier et un médecin. Ces miliciens sont chargés de reprendre avec la police les quartiers de Ramadi tombés aux mains des insurgés, tandis que l'armée concentre ses efforts sur les positions rebelles à l'extérieur de Ramadi et Fallouja. Dans cette ville, des bombardements qui ont commencé jeudi soir et continué jusqu'à vendredi matin ont fait trois morts, selon un médecin à l'hôpital de la ville. Deux autres miliciens anti-Al Qaîda ont par ailleurs péri jeudi dans des attaques séparées au nord de Baghdad, alors qu'un soldat a été tué et trois autres blessés vendredi dans une attaque près de la ville de Mossoul. Face à l'escalade des violences, et alors que le pays doit tenir des élections législatives en avril, un haut responsable américain de la Défense, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a indiqué que l'armée américaine était prête à entraîner des forces irakiennes pour des missions antiterroristes dans un pays tiers, évoquant la Jordanie. Dans un entretien au Washington Post, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a affirmé soutenir ce projet d'entraînement dans le Royaume hachémite. Malgré le retrait de ses troupes d'Irak fin 2011, Washington s'est imposé comme le principal partenaire de l'Irak en matière de sécurité et de défense. «Nous sommes en discussion avec les Irakiens sur les moyens d'améliorer les forces de sécurité irakiennes», a déclaré de son côté le colonel Steven Warren, un porte-parole du Pentagone, reconnaissant qu'un entraînement antiterroriste était envisagé. «En ce moment, Maliki cherche surtout à obtenir des armes légères et des munitions» pour lutter contre les insurgés, a-t-il ajouté, précisant que des livraisons américaines allaient être entreprises «à court terme». Washington s'est déjà engagé à accélérer les livraisons de missiles et de drones de surveillance.