Ces redditions constituent une victoire éclatante du chef de l'Etat qui tient là sa promesse de rétablissement de la paix. Les très importantes redditions enregistrées ces derniers jours sont le fruit d'un travail de longue haleine fourni par un nombre très important d'acteurs, encadrés par les services du général Smaïl, premier responsable du Département de renseignement et sécurité (DRS). C'est ce qu'ont révélé des sources autorisées à L'Expression. L'opération qui a abouti à plusieurs dizaines de redditions prend son origine d'un plan mis en place depuis plusieurs mois et dont le principal objectif était d'amener un maximum de terroristes à déposer les armes. Bâti sur le principe de la totale discrétion, ledit plan du DRS surprend par son ampleur et son ambition. En effet, nos sources précisent que les éléments de ce service de sécurité se sont déployés sur tout le territoire national, avec pour première mission de réaliser le plus vaste maillage possible autours des groupes terroristes encore actifs. C'est ainsi que d'anciens repentis, des familles de terroristes et de nombreux ex-leaders des groupes armés ont été associés à la plus importante opération jamais entreprise ces dernières années. Le gigantisme de l'opération tient dans le fait, précisent les mêmes sources, que les contacts ont privilégié les hommes de troupes et non pas les émirs. Un état de fait qui rend sans doute autrement plus complexes les manoeuvres d'approche. Ceci étant et à voir les premiers résultats dudit plan, on en saisit aisément le degré de réussite. Une réussite d'autant plus évidente que le DRS n'a négligé aucune piste pour entrer en contact avec les organisations terroristes. Ainsi, que ce soit Ali Benhadjar ex-émir du GIA dissident, Madani Mezrag ex-émir de l'AIS ou Ahmed Benaïcha responsable de la même organisation à l'ouest du pays, pour ne citer que ceux-là, ont été associés au plan du DRS. D'innombrables missions menées avec un souci de la précision hors du commun, ont été menées par des repentis de divers niveaux de responsabilité. Ces dernières ont permis de nouer les premiers contacts avec des éléments du GIA, du Gspc, du HDS et du Gspd, réputés sûrs et à même de garder le secret. C'est ainsi que la graine de la reddition a été semée dans le corps des groupes terroristes au niveau des troupes. Il y a deux mois et demi, les premiers fruits commençaient à être cueillis avec notamment des redditions de petits groupes de terroristes un peu partout sur le territoire national. Au vu de l'importance du dispositif d'approche mis en place par les autorités sécuritaires le phénomène ne pouvait évoluer que de manière exponentielle. C'est ce qui s'est produit effectivement, puisque on a fait en sorte que chaque reddition fasse le tour des maquis et parvienne aux oreilles des hommes de troupe de la quasi-totalité des organisations terroristes. Les nouveaux repentis ont également été impliqués dans le plan et ont reçu pour mission de faire descendre leurs acolytes. En fait, le succès de l'opération est, affirment nos sources, spectaculaire. Cet état de fait est essentiellement lié au professionnalisme dont ont fait montre les officiers du renseignement algériens qui signent là l'un de leur plus important exploit. Il y a lieu également de souligner que le DRS a bénéficié d'une conjoncture politique favorable avec le retour à la stabilité institutionnelle du pays et l'environnement international dominé par la lutte antiterroriste. Mais son meilleur atout a été, insistent nos sources, le reflux du discours intégriste radical en Algérie et le net recul de l'islamisme dans sa globalité. Le morcellement de cette mouvance, constaté à l'occasion de la dernière élection présidentielle, a ôté tout espoir aux islamistes armés de réaliser leur rêve de République islamique. Ils ont, en fait, compris que la société a rejeté leur projet et il ne leur reste que la reddition comme seule sortie de secours. L'échec historique de l'islamisme en Algérie constitue donc un facteur prépondérant qui expliquerait la disponibilité des terroristes à répondre à l'appel de la République. Un échec qui contraste d'ailleurs avec un regain significatif du discours radical dans de nombreux pays arabes, à l'image de l'Arabie Saoudite et du Maroc qui fournissent actuellement l'essentiel des troupes au service du terrorisme international. Lesquels intégristes sont soutenus par des formations politiques de plus en plus virulentes vis-à-vis des régimes arabes. Enfin, au plan politique, il est clair que ces redditions constituent une victoire éclatante du chef de l'Etat qui tient là sa promesse de rétablissement de la paix. En effet, Bouteflika, artisan de la concorde civile, est politiquement le premier bénéficiaire de cette situation. On peut dire qu'il démarre son second mandat sur les chapeaux de roue, au même titre que le précédent qui, à travers la loi sur la concorde civile, a réussi à faire baisser la violence de plusieurs crans. Après une élection saluée par l'écrasante majorité de la communauté internationale et avec les dernières redditions, le président de la République dispose désormais de tous les leviers pour placer l'Algérie sur une orbite de développement réel. Les investisseurs, qui craignaient le pays pour des raisons d'instabilité politique et d'insécurité, seront donc autrement plus nombreux que les cinq dernières années. Le nouveau quinquennat de Bouteflika s'annonce sous de très bons auspices et il est attendu un décollage conséquent de l'économie nationale.