Alors que la cascade de démissions se poursuit au FFS, la direction nationale a tenté hier de minimiser ses conséquences sur la situation organique maintenant le suspense par rapport à la présidentielle. Les deux protagonistes du Front des forces socialistes se sont affrontés hier à distance à Béjaïa. Alors que le conseil fédéral tenait une réunion organique ouverte à la presse en présence du premier secrétaire au TRB, le contingent des démissionnaires était à Tamridjth, à 50 km de Béjaïa pour un conclave, deuxième du genre pour la relance de l'initiative du forum pour la démocratie. Alors que la direction nationale persiste à minimiser la crise, les démissionnaires enfoncent le clou dans un meeting marqué par des tirs croisés contre la direction actuelle. «Le FFS n'est pas en crise», a déclaré hier le premier secrétaire du plus vieux parti d'opposition en marge de l'installation du nouveau conseil fédéral de Béjaïa. Réunis dans la grande salle du Théâtre régional de Béjaïa, les responsables de la direction du Front des forces socialistes ont nié en bloc «la supposée crise organique» induite par les nombreuses démissions annoncées par-ci et par là, les considérant comme «des événements tout à fait normaux dans un grand parti qui compte de grands militants». Ces agissements sont «à mettre sur le compte des ennemis de la démocratie et des droits de l'homme». Dans son allocution, le premier secrétaire du FFS, Ahmed Batatache a regretté «ces actes de démission» refusant toutefois de les commenter, notamment en matière de nombre. Le premier secrétaire est revenu longuement sur la présidentielle du 17 avril 2014 entretenant toujours le suspense en la matière, notamment lorsqu'il annonce que «la position du parti sera connue dans les prochains jours» ajoutant que pour l'heure, la présidentielle est, pour le FFS, un non-événement». «Ce qui intéresse les responsables et les militants du parti, c'est l'après-présidentielle avec ce qu'elle induira comme changement positif ou négatif sur la situation générale du pays». Le FFS n'a visiblement pas tranché la position à prendre par rapport au prochain scrutin. Va-t-il boycotter, participer ou soutenir un candidat? La question reste posée. Le premier secrétaire est resté évasif. Pour Batatache, la classe politique algérienne est partagée en trois: ceux qui sont au pouvoir, ceux qui le soutiennent et ceux qui s'y opposent, «et nous faisons partie de la troisième catégorie», indique-t-il. «Le FFS est le seul parti d'opposition qui continue à défendre la démocratie et les droits des Algériens à la liberté.» Dans la foulée, les responsables du FFS ont critiqué le wali de Béjaïa pour avoir «autorisé l'équipe de Tazagharth à tenir un meeting à Tamridjth», considérant cette mesure comme «un dépassement dangereux sur les lois de la République». Presqu'au même moment, parmi les démissionnaires, Khaled Tazagharth, ex-fédéral et député s'exprimait à Tamaridjth devant des militants démissionnaires comme lui de leur ex-parti FFS, ne lésinant pas sur les mots pour accabler leurs ex-pairs de la direction nationale du parti et c'était le moment choisi par deux élus de l'APC de Tibane ainsi que plus de 25 militants de cette section communale (selon une liste des signataires) pour annoncer leur départ du parti afin de rejoindre «le Forum socialiste pour la liberté et la démocratie». Un forum composé des transfuges du FFS à leur tête le député Khaled Tazagahart et Karim Bouraï, ex-secrétaire de la section et membre de la fédération du FFS à Béjaïa. Dans une déclaration, signée par de nombreux militants, les démissionnaires estiment que «les démissions des élus, militants, députés, membres fondateurs du parti relèvent d'une négligence des responsables qui ne veulent pas répondre à la crise qui secoue le parti et apaiser les tensions pour l'intérêt du parti, son avenir et son devenir». «Nous constatons que le parti a été dévié de sa ligne directrice, à savoir la lutte pour l'instauration d'un état démocratique et social et le combat des aînés de 1963», soulignent-ils. «Suite au refus des députés de Béjaïa de contribuer financièrement à la réalisation de la stèle des martyrs du parti de 1963 à Akfadou, les dépassements et le manque de respect envers l'élue APW du parti, Roza Ouberzou, la violation délibérée des statuts et règlement intérieur du parti, violation des règles d'éthique, mépris et hogra affichés à l'égard de la fédération de Béjaïa, nous annonçons officiellement notre démission du FFS à compter de cette date», écrivent-ils dans une lettre aux dirigeants et au coordinateur du comité d'éthique du parti et dont une copie nous a été adressée. Il est utile de rappeler que le départ de la section de Tibane s'ajoute à la démission des sections des communes de Béjaïa, Tamokra, Amalou Timezrit, Chemini, Tazmalt, Akbou Ighram,...les fédérations de Béjaïa et Bouira ainsi que plusieurs militants de 1963 et membres fondateurs du FFS.