Le MSP et le RCD déclarent forfait. Ils ont annoncé à 24 heures d'intervalle, vendredi et samedi derniers, leur boycott de la prochaine élection présidentielle du 17 avril prochain. Le MSP justifie sa décision par l'absence de «garanties des conditions de régularité et de transparence» des élections. Le RCD considère que «la rupture avec les pratiques frauduleuses est encore une fois compromise». Avec des phrases différentes, les deux formations portent la même accusation contre la fraude électorale. Avant la tenue du scrutin. Avant tout constat. Pour le RCD, c'est simple, la fraude existe depuis 1962 et rien n'a changé. Idem pour le MSP qui dénonce le «non-respect prémédité de la volonté du peuple de choisir librement son représentant». C'est tout de même curieux que deux formations nées avec l'avènement de la démocratie dans le pays, se rendent compte, un quart de siècle après, que les élections ont toujours été entachées par la fraude. C'est encore plus curieux s'agissant de partis qui comptent des centaines d'élus dans les Assemblées communales et même quelques-uns à la représentation nationale pour le MSP. Se rendent-ils compte qu'ils jettent le doute sur la réelle représentativité de leurs propres élus? Un aspect qui a dû leur échapper dans leur empressement à se retirer d'une course dont ils ne sont même pas sûrs de remplir les critères de participation. Alors que la loi exige du candidat 600 signatures d'élus, le RCD ne compte que 526 élus locaux. Donc le compte n'y est pas. Il vaut mieux dès lors se donner l'air de faire la fine bouche que de se voir recalé par le Conseil constitutionnel. Idem pour le MSP qui a participé aux dernières législatives à l'intérieur de la coalition de l'AAV (Alliance de l'Algérie verte) qui rend difficile la distinction de ses députés s'ils existent. Ceci d'une part, d'autre part, son nombre d'élus locaux qui était de 718 entre APC et APW s'est considérablement amenuisé avec les départs de ceux qui ont rejoint les partis créés par Menasra et surtout Amar Ghoul à la tête du TAJ qui a pu disposer d'un groupe parlementaire et de centaines d'élus locaux. On comprend mieux l'attitude du MSP. D'ailleurs, le cas de ce parti et de celui du RCD sont tellement identiques que les deux formations ont participé à une réunion commune avec pour thème l'élection présidentielle de 2014. C'est le seul point qu'ils pouvaient avoir en commun sachant que leurs positions politiques se trouvent diamétralement opposées. En vérité et pour être complet, ils avaient un autre point en commun qu'ils traînent depuis leur création. On l'oublie, mais leur mise en conformité avec la Constitution et notamment son article 42, n'a jamais eu lieu. Une irrégularité que ces deux partis se gardent bien de rappeler. Ceci dit, il faut bien ajouter que le MSP et le RCD ont bien analysé ce que pourrait leur coûter leur participation à cette importante consultation populaire. Sans les signatures requises, sans candidat avec un profil incontestable de présidentiable et tenant compte du rejet par l'électorat algérien des extrémismes, confirmé lors des dernières législatives, ils ne pouvaient tout de même pas aggraver leur sort aux yeux de l'opinion publique avec une disqualification quasi assurée. Il est vrai qu'il y a l'alternative des 60 000 signatures de citoyens. Sauf que, c'est plus que dévalorisant. C'est contre-productif. Pour ne pas dire suicidaire politiquement. En définitive, les dirigeants de ces deux formations ont été clairvoyants. Ils ont agi avec la prudence nécessaire pour maintenir leur présence sur la scène politique avec le mythe d'un poids surdimensionné. Qui pourrait leur en vouloir? Personne s'ils continuent, toutefois, à faire preuve de responsabilités! Z. M.