Même si son contenu n'a pas été, à ce jour, élucidé de façon claire, la politique de la réconciliation nationale que le président de la République en a fait l'épine dorsale de sa politique et entend mettre en oeuvre dans un proche avenir, sera-t-elle approuvée par les associations des victimes du terrorisme? Tout porte, en tout cas, à le croire dans la mesure où certains responsables d'organisations, entre autres, Fatma Zohra Flici, présidente de l'Onvt, ont publiquement apporté leur soutien au chef de l'Etat. Nées dans les années 90, époque où la terreur islamiste était à son paroxysme, les associations chargées de la défense des victimes du terrorisme, s'étaient, jusqu'à l'élection d'Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat en avril 1999, opposées rigoureusement à toute politique visant le pardon et la réconciliation envers les groupes terroristes. L'on se rappelle à ce titre, de la colère qui s'est emparée de ces entités, lorsqu'en 1995, l'ancien président Liamine Zeroual avait décrété la loi de la rahma, un dispositif juridique ayant pour but d'amnistier les membres des organisations terroristes non impliqués dans les actes criminels. Indignées, les familles des victimes du terrorisme avaient, se rappelle-t-on, fait bloc pour faire échouer cette démarche. Idem concernant le projet de loi portant sur la tragédie nationale présenté en 1998, quelques mois avant l'élection présidentielle, par le Premier ministre de l'époque, Ahmed Ouyahia, qui avait alors suscité une grande indignation de la part des victimes du terrorisme qui se sont mobilisées pour mettre un terme à ce qu'ils ont qualifié de «mépris à la mémoire des victimes». L'arrivée au pouvoir de Bouteflika en 1999, à laquelle d'ailleurs nombre de ces structures se sont farouchement opposées, a changé diamétralement la donne politique, notamment après la promulgation de la loi sur la concorde civile. Une décision qui a sonné le glas à certaines associations qui, après le plébiscite populaire du référendum de cette loi en 2000, ne savaient plus sur quel pieddanser. Le discours réconciliateur du président, revigoré par la prolongation de la concorde civile et la grâce amnistiante décidée au profit de certains terroristes, a créé une confusion dans l'attitude à prendre vis-à-vis de cette politique. Chemin faisant, la réélection, le 8 avril dernier, de Bouteflika pour un deuxième mandat à la tête de la magistrature suprême, permettra, à proprement parler, de tirer au clair, une fois pour toutes, la position politique de ces associations qualifiées par certains observateurs de «relais du pouvoir». Sur le terrain, l'opposition et le militantisme d'autrefois a laissé place à des calculs politiciens qui, de toute évidence, discréditent ces organisations. La présence de certains de ses chefs dans les institutions du pays, contrairement à ce que les militants espéraient, n'a pas joué en faveur de cette frange sociale. Pis, l'opportunisme des responsables a jeté l'ensemble des associations des victimes du terrorisme dans une torpeur sans précédent. Pour garantir la survie sur le plan organique et politique à la fois, ces dernières se sont, à la lumière de l'évolution actuelle de la scène politique, rangées derrière la longue file qui a servi d'appui électoral au chef de l'Etat. Dans un proche avenir, Bouteflika mettra en oeuvre la réconciliation nationale et c'est à ce moment-là que se décidera, le sort de ces associations. Attendons pour voir...