A défaut de cours, les élèves s'adonnent aux jeux En attendant qu'un terrain d'entente entre les syndicats de l'éducation et la tutelle soit dégagé, les élèves se réfugient dans les cybercafés transformés en salles d'étude. C'est la guerre entre les grévistes et la tutelle. Les syndicats de l'éducation ont entamé leur troisième semaine de grève sans que les deux parties en conflit n'essaient de trouver un compromis pour sauver l'année scolaire, qui n'est pas écartée de la menace de devenir une année blanche. Autre décision qui risque d'ajouter de l'huile sur le feu, est l'application des mises en demeure à l'encontre des enseignants. Si l'on est porté à croire les déclarations du représentant des parents d'élèves, Khaled Ahmed, ce risque devient évident. «On a appris que dans la wilaya de Aïn Defla, les enseignants grévistes ont reçu des mises en demeure apportées par un huissier de justice», a déclaré M.Khaled Ahmed, contacté hier par nos soins. Une opération qui, d'après M.Ahmed, ne va pas tarder à être appliquée à l'ensemble des enseignants grévistes à travers toutes les wilayas. Voilà une décision qui va mettre les syndicats de l'éducation en rogne. Si les multiples menaces de la tutelle à l'encontre des enseignants grévistes n'ont fait que compliquer la situation, comment les syndicats vont-ils réagir quand ils recevront à leur tour ces fameuses mises en demeure? Le représentant des parents d'élèves n'a pas caché son inquiétude quant à cette grève qui s'installe dans la durée. «Malgré les communiqués du ministère et la décision de la justice qui interpelle les enseignants à reprendre les cours, les grévistes continuent à se rebeller», a ajouté le même interlocuteur. Pour essayer de calmer les esprits, M.Ahmed a souligné qu'il est constamment en contact avec d'autres associations de parents d'élèves pour essayer de négocier avec les enseignants afin qu'ils reprennent les cours. Pour ce qui est de la réaction des syndicalistes grévistes à l'application de mises en demeure des enseignants, le Conseil des lycées d'Alger (CLA) a observé hier une journée de protestation contre une telle décision. «On ne peut pas envoyer des mises en demeure aux travailleurs en grève. Il ne s'agit pas d'un abandon de poste pour appliquer une telle décision», a précisé le porte-parole du CLA, Idir Achour, contacté hier par téléphone. «Cette journée de protestation s'inscrit également contre les intimidations et les menaces de la tutelle à l'encontre des enseignants, car la grève est un droit acquis par la Constitution, nul ne peut nous l'enlever», a-t-il insisté. Concernant les raisons pour lesquelles le CLA n'a pas rejoint la grève, M. Achour a souligné que le CLA souhaitait en premier lieu, unifier la plateforme de revendications. «On a demandé d'unifier les rangs par la mise en place d'une plateforme de revendications communes. Ce n'était pas le cas, alors comme on n'est pas d'accord sur certaines revendications, on a préféré s'abstenir», a ajouté notre interlocuteur. Le coordinateur du Snapest, Meziane Meriane, a été outré par l'application de la mise en demeure. «Il risque d'y avoir un embrasement, c'est la tutelle qui poursuit dans son entêtement», a déclaré à L'Expression Meziane Meriane. Il a révélé que le taux de suivi de la grève ne cesse de prendre une proportion alarmante. Il a annoncé que pour la troisième semaine de grève, le taux de suivi a atteint les 71,68%. Il a également invité les associations des parents d'élèves «de cesser d'attaquer les syndicats qui ne demandent que leurs droits les plus légitimes». En attendant qu'un terrain d'entente entre les syndicats de l'éducation et la tutelle soit dégagé, les élèves se réfugient dans les cybercafés, transformés en salles d'étude. «Sur Internet, on trouve les cours nous concernant et les exercices nécessaires pour une bonne assimilation. Il y a aussi la version corrigée de ces exercices, ce qui nous permet de faire une auto-évaluation», ont témoigné des élèves interrogés par l'APS. Pour ces derniers, l'option de se tourner vers les enseignants grévistes pour avoir des cours particuliers ne se pose même pas. «Il n'y a aucune raison pour prendre des cours de soutien chez ces enseignants qui nous privent d'une scolarité normale», ont-ils encore souligné à l'APS. Désormais, les grévistes se retrouvent à mener un combat seuls contre tous. La tutelle continue à les traiter d'indignes, les associations des parents d'élèves les accusent de prendre les enfants en otage, et les élèves ont montré leur désarroi à l'égard des enseignants qui, selon eux ne cherchent que leurs intérêts personnels, quitte à faire perdre aux élèves une année de scolarité.