Le diplomate algérien Lakhdar Brahimi «Le gouvernement syrien ne reculera pas d'un pouce même si les autres s'en vont. La Syrie va rester à cette conférence», a assuré le vice-ministre des Affaires étrangères, Faysal Mokdad. Les pourparlers pour une solution politique au conflit syrien se poursuivaient hier, à Genève, réunissant cette fois-ci à la même table, les délégations de l'opposition et du gouvernement autour de l'émissaire international Lakhdar Brahimi qui s'efforce de sauver Genève 2 de l'enlisement. L'objectif du médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, le diplomate algérien Brahimi, de réunir à la même table les parties en conflit a été atteint mais l'atmosphère demeure «négative», selon une source proche de la délégation gouvernementale. L'émissaire international a discuté séparément à Genève avec les deux délégations syriennes, lundi, jour du début de la deuxième session des discussions de paix sur la Syrie qui s'inscrivent dans le cadre de la conférence dite Genève 2 (tenue en janvier) censée trouver un règlement politique à la crise qui secoue le pays depuis mars 2011. Comme lors de la première session du dialogue, aucune avancée n'a été enregistrée au cours des discussions de lundi, chaque camp campant sur ses positions. Ainsi, la délégation de l'opposition syrienne avait averti qu'elle ne participerait pas à une troisième session si aucun progrès n'intervenait.». S'il n'y a aucun progrès, je pense que ce serait une perte de temps d'envisager une troisième session», avait dit à la presse le porte-parole de l'opposition, Louai Safi. Côté gouvernemental, on affirme ne pas vouloir renoncer. «Le gouvernement syrien et sa délégation ne reculeront pas d'un pouce et resteront même si les autres s'en vont. La Syrie va rester à cette conférence», a assuré le vice-ministre des Affaires étrangères, Faysal Mokdad. La délégation du gouvernement, dirigée par le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a demandé lundi une nouvelle fois «que la fin des violences et du terrorisme, avec l'obligation pour les pays qui le soutiennent de cesser leur politique, soit le premier point sur lequel nous nous mettions d'accord», selon un projet de communiqué qu'elle a fait circuler à Genève. En revanche, la priorité pour l'opposition est de «former une autorité de gouvernement de transition», selon son porte-parole Louai Safi. Si aucun accord ne permet de déterminer lequel de ces deux points (terrorisme+gouvernement de transition) sera abordé en premier, M. Brahimi dit qu'ils les présentera ensemble et qu'ils seront abordés parallèlement l'un à l'autre. Pour débloquer l'impasse, Moscou a, par la voix de son vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Bogdanov, proposé lundi que les diplomates russes et américains se joignent à leur collègues de l'ONU pour une rencontre conjointe avec les deux délégations syriennes aux pourparlers en cours à Genève. «Si des réunions complémentaires sous les auspices de l'ONU peuvent aider les négociations à avancer, nous sommes prêts à considérer» cette possibilité, a rapidement réagi un haut responsable américain. Des diplomates russes et américains, dont les pays sont co-parrains de la conférence de Genève 2, sont présents à Genève et suivent de près l'évolution des pourparlers. Pour le moment, seule une réunion entre M.Brahimi et des diplomates russes et américains de haut rang a été annoncée pour vendredi prochain sans mention d'une participation syrienne. Sur le terrain, les parties au conflit ont accepté de prolonger de trois jours, jusqu'à mercredi soir, la pause humanitaire dans la vieille ville de Homs, une trêve qui a permis l'évacuation de centaines de civils de cette ville assiégée, et qui était censée prendre fin dimanche soir. «J'accueille avec satisfaction la nouvelle que les parties au conflit ont accepté de prolonger de trois jours la pause humanitaire dans la vieille ville de Homs», s'est félicitée la patronne des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos. Au terme de l'accord humanitaire, «plus de 800 personnes» ont pu être évacués depuis le 7 février, selon Mme Amos, qui a souhaité que les négociateurs des deux camps réunis à Genève «se mettent d'accord sur une livraison à long terme de l'aide aux 250.000 civils dans les communautés assiégées en Syrie».Cette opération humanitaire, la première du genre depuis le siège imposé par l'armée en juin 2012 sur les quartiers rebelles, a été rendue possible par un accord conclu entre le gouvernement syrien et les insurgés, par l'intermédiaire de l'ONU. Sur le plan humanitaire toujours, dans le camp de Yarmouk, près de Damas, où quelque 20.000 Syriens et réfugiés palestiniens vivent sous le siège de l'armée depuis juin 2013, une opération humanitaire a ainsi dû être suspendue en raison de combats. L'ONU a dit espérer sa reprise prochainement.