Le concept de réconciliation nationale revient au-devant de la scène politique à la veille de la rentrée sociale. Evoquée dans son discours de clôture du Festival mondial de la jeunesse et de l'étudiant, le Président de la République s'est expliqué sur la réconciliation nationale en lui donnant une dimension civilisationnelle. Pour le chef de l'Etat, il s'agit d'arriver à ce que les idéologies qui animent les différentes familles politiques algériennes puissent cohabiter en paix. En fait, il est question, selon Bouteflika, de privilégier les débats sereins, loin de toute exclusion. La réconciliation nationale ne signifie donc pas la prédominance d'une tendance sur l'autre, mais au contraire, elle se veut un espace de concorde entre des Algériens de diverses obédiences politiques. En fait, à bien lire les déclarations du chef de l'Etat sur la question, l'on comprend que sa préoccupation première est le retour de la paix dans le pays. Cela ne peut se faire à travers la mise hors la loi d'une idéologie qui se trouve être partagée par des millions de citoyens. Que cette idéologie s'inspire de l'islamisme ou de la modernité, ses représentants tirent leur légitimité d'une base sociale qui existe bel et bien. Le concept de réconciliation nationale, tel que défendu par Bouteflika, est séduisant à plus d'un titre et se trouve d'ailleurs partagé par une majorité de l'opinion qui aspire à vivre en paix et dans la prospérité, loin des démons de la division. Une paix qui ne peut s'instaurer tant que les discours des uns et des autres participent, d'une manière ou d'une autre, à attiser les braises d'une crise vieille de dix ans déjà. Cet état de fait est largement constaté à travers les propositions de sortie de crise. En effet, les documents présentés par des partis politiques portent l'empreinte d'une appartenance, à la limite du chauvinisme, à une famille politique dans l'exclusion de l'autre. Les républicains proposent, ni plus ni moins, d'ignorer complètement la mouvance islamiste. Les formations politiques intégristes ne sont pas en reste. Leurs propositions font clairement état de la nécessité d'écarter les modernistes du champ politique. Et à chacun de lire à sa manière le concept de réconciliation nationale souhaitée par le Président de la République. Si ce dernier a réservé une fin de non-recevoir à toutes les offres émanant des partis politiques, c'est justement parce qu'elles pèchent par une vision partisane et partiale. Telles que formulées, les propositions des uns et des autres ne sont pas à même de solutionner la crise que traverse le pays, pour la simple raison qu'elles ne répondent pas à la question essentielle, à savoir comment instaurer la paix tant souhaitée. En fait, ce qui bloque le processus devant conduire à la réconciliation nationale, ce sont les approches étriquées des acteurs politiques nationaux sur le devenir de l'Algérie. Outre les milieux mafieux pour qui l'instabilité du pays est non seulement synonyme d'enrichissement rapide, mais aussi une opportunité de se maintenir dans les rouages du système, en profitant de l'anarchie politique qui règne dans le pays. Cette mafia a ses entrées au sein de certains partis qui maintiennent insidieusement la pression, dans le but de garder, autant que faire se peut, le statu quo actuel. Bouteflika, quant à lui, milite pour une Algérie plurielle et en paix avec elle-même. Une paix qui a un prix. Les négociations secrètes avec le Gspc sont un élément technique, mais l'essentiel est de réconcilier les Algériens entre eux et notamment les partis autour de la nécessité de travailler pour le bien-être de la République indépendamment des aspects strictement partisans. Cela dit, il y a lieu de souligner que le chef de l'Etat a, d'entrée, pris option pour la modernité à travers les réformes de fond qu'il a engagées depuis son investiture à la tête de la République. Les réformes de l'Ecole, de la justice et des structures de l'Etat en témoignent. Cela pour dire que la réconciliation nationale de Bouteflika ne se fera pas au détriment du développement du pays.