Ibrahim Mahlab, un pilier de l'ancien régime du président déchu, Hosni Moubarak, revient aux «affaires» par la grande porte Ibrahim Mahlab, un cacique du parti du président déchu Hosni Moubarak, a été nommé mardi nouveau Premier ministre de l'Egypte, au lendemain de la démission du gouvernement nommé en juillet par l'Armée. M.Mahlab, ministre sortant de l'Habitat, doit désormais former une nouvelle équipe gouvernementale afin de conduire le plus peuplé des pays arabes vers l'élection présidentielle prévue au printemps et pour laquelle l'homme fort du pays, le chef de l'Armée Abdel Fattah al-Sissi, est donné favori. Le nouveau Premier ministre a dit espérer présenter son gouvernement d'ici «trois à quatre jours» et promis de s'atteler aux dossiers économiques et à la question de la sécurité dans un pays déserté par les touristes, à l'économie en ruines et en proie à des attentats qui visent désormais quasi-quotidiennement les forces de l'Ordre. Se disant déterminé à poursuivre l'action contre le «terrorisme» engagée par les Autorités dirigées de facto par l'Armée, il a estimé que «cela créera les conditions pour un retour des investissements et du tourisme». M.Mahlab, un ingénieur né en 1949, a dirigé l'entreprise gouvernementale Arab Contractors, l'une des plus importantes sociétés de construction en Egypte. Il a siégé au Sénat sous la présidence Moubarak et était l'un des cadres du parti de l'ex-raïs, le Parti national démocratique (PND). Ses détracteurs l'associent à l'ancien régime alors que de nombreux militants et le seul candidat déclaré à la présidentielle pour le moment, le leader de gauche Hamdeen Sabbahi, disent redouter un retour des figures de l'ère Moubarak et du pouvoir autoritaire, trois ans tout juste après la «révolution» lancée dans le sillage du Printemps arabe début 2011. Ses partisans, en revanche, loue un homme dynamique, fort de nombreux succès dans son domaine et proche du terrain. Dans la rue, les avis étaient partagés. Mahmoud el-Melegy, un avocat, estimait ainsi que «même s'il a fait partie du PND, il a enregistré de nombreux succès, notamment au ministère de l'Habitat». De son côté, Hassan Yahya, employé d'une compagnie pétrolière, s'opposait en revanche à la nomination d'une figure de l'ancien régime «au moment même où le pays est extrêmement divisé: Nous ne voulons pas qu'une personnalité issue du régime Moubarak occupe un poste ou se voit attribuer un portefeuille, surtout en ce moment». Depuis l'éviction de Mohamed Morsi, seul président jamais élu démocratiquement du pays, policiers et soldats répriment implacablement les manifestations de ses partisans islamistes, dont au moins 1.400 sont morts en sept mois selon Amnesty International, et des milliers d'autres arrêtés. La nomination de M.Mahlab intervient à l'approche d'une élection présidentielle prévue pour le printemps, selon la «feuille de route» pour une «transition démocratique» annoncée par l'Armée début juillet, pour laquelle le maréchal Sissi est donné favori même s'il n'a pas encore officiellement annoncé sa candidature. Le maréchal Sissi, ministre de la Défense et vice-Premier ministre du gouvernement sortant, ne cache pas son intention de briguer la présidence, mais pour être éligible, il doit démissionner du gouvernement et quitter ou prendre sa retraite de l'Armée. Un haut gradé proche du maréchal a affirmé que le chef de l'Armée conserverait son portefeuille de la Défense jusqu'à la promulgation de la loi électorale encadrant le scrutin présidentiel. «Si le maréchal Sissi décide de se présenter, il lui faut un gouvernement ayant une bonne réputation qui pourra l'aider à résoudre certains problèmes urgents qui préoccupent la population», explique le politologue Mustapha Kamel al-Sayyed. L'équipe sortante, dirigée par Hazem el-Beblawi, quitte ses fonctions sur fond de crise économique grandissante, de grèves dans différents secteurs professionnels et d'attentats à répétition.