Le Pr Kacha Farid, icône de la psychiatrie en Algérie, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour souligner que «le rôle de ces centres est insignifiant». Les maladies mentales sont comme le reste des autres pathologies qui prennent des courbes fulgurantes un peu partout dans les villes et agglomérations en Algérie. Les chif-fres sont révélateurs. A Oran, plus de 27.000 personnes ont été traitées en 2013 dont 2300 enfants souffrant de maladies psychiques, 449 toxicomanes et 443 victimes de violence. Ces derniers ont été tous pris en charge par les unités spécialisées. Les bilans fournis par les services sanitaires de la wilaya font état du recensement durant la même année de 142 cas de tentatives de suicide. L'infrastructure dédiée à la santé mentale ne manque pas. Oran compte cinq centres intermédiaires de santé mentale implantés dans les Epsp d'Es Senia, Arzew, Aïn Turk, Oran et l'EHS de psychiatrie de Sidi Chahmi. Oran a abrité, en fin de semaine, la 7e rencontre axée autour du thème la santé mentale en Algérie. Plusieurs communications traitent de la culture et santé mentale, la psychologie et ses problèmes, la situation de la santé mentale en Algérie, la santé mentale en milieu éducatif et la santé mentale et le vide juridique. Les participants ont été unanimes à affirmer que l'Etat a déployé un grand effort en matière de prise en charge et de promotion de la santé mentale en créant des centres intermédiaires pour mieux traiter les malades psychiques et mentaux. Le sociologue Lakdjaâ Abdelkader de l'université d'Oran a focalisé sa communication intitulée «Culture de la santé mentale», sur les efforts de l'Etat dans ce domaine traduits par la création de 188 centres intermédiaires de santé mentale dans le pays. Le Pr Kacha Farid, icône de la psychiatrie en Algérie, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour souligner que «le rôle de ces centres est insignifiant tant que leur activité reste limitée à la consultation». Et d'ajouter en déclarant «qu'il faut accompagner le malade et le former pour une meilleure réinsertion sociale». Dans son intervention focalisée autour de la psychologie et ses problèmes, il a indiqué que «ces structures dirigées par un staff de psychiatres et de psychologues sont capables d'assumer d'autres missions dans le domaine de la promotion de la santé mentale». Dans le but de mieux prendre en compte la maladie mentale en Algerie, Farid Kacha a plaidé pour «l'intensification des programmes de formation pour l'acquisition de nouvelles expériences et la création d'espaces pour enrichir des connaissances dans le domaine de la santé mentale». Le Dr Senhadri Samira, spécialiste en thérapie familiale au centre intermédiaire de santé mentale de la polyclinique Jean-Kraft à Oran a, pour sa part, mis l'accent sur «la nécessité d'une formation en matière de santé mentale pour répondre aux besoins des malades et le travail dans le cadre d'équipes pluridisciplinaires afin d'assurer une meilleure prise en charge du malade». D'autres intervenants, venus des hôpitaux d'Alger, de Tizi Ouzou, de Tiaret et d'Oran ainsi que plusieurs autres universitaires, ont insisté sur «la nécessité d'introduire la santé mentale dans les structures de santé de proximité et de coordination entre les centres intermédiaires, de la médecine du travail, de la santé scolaire, la finalité étant d'assurer une meilleure prise en charge des malades, ainsi que sur la promotion de la culture de la santé mentale dans la société». La rencontre d'Oran a été scindée en trois ateliers qui ont eu à débattre des questions liées à la santé mentale en Algérie, le programme national de la santé mentale, la promotion de la culture de la santé mentale et l'expérience interdisciplinaire et sectorielle dans le domaine de la santé mentale.