Sergueï Lavrov a demandé une enquête de l'Osce sur les responsables de la mort, le mois dernier, de dizaines de personnes à Kiev, tuées dans des attaques de snipers, arguant qu'on ne pouvait continuer à «dissimuler» la vérité. La Russie est ouverte à un dialogue sur l'Ukraine «honnête, d'égal à égal» avec les puissances étrangères, a déclaré hier le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. «Nous sommes ouverts à un dialogue honnête, d'égal à égal et objectif avec nos partenaires étrangers pour trouver un moyen d'aider l'Ukraine entière à sortir de la crise», a déclaré M. Lavrov, faisant clairement allusion à l'Occident, lors d'une conférence de presse à Moscou avec son homologue tadjik. «Nous sommes prêts à continuer le dialogue à condition d'avoir l'assurance que ce dialogue sera honnête entre partenaires égaux, et sans tentative de nous présenter comme l'une des parties au conflit», a-t-il déclaré. Il a laissé entendre que les Occidentaux avaient, dans la crise ukrainienne, voulu défier l'autorité de Moscou dans l'espace post-soviétique. «La crise a été créée artificiellement, pour des motifs géopolitiques», a-t-il dit. «Cette crise n'a pas été provoquée par nous. Elle a, en fait, été provoquée en dépit de nos avertissements répétés depuis longtemps», a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie russe a lancé une nouvelle attaque contre le gouvernement ukrainien qui a pris le pouvoir après le renversement du président Victor Ianoukovitch, disant que la terreur et le chaos régnaient dans le pays. «Ce soi-disant gouvernement temporaire n'est pas indépendant, et dépend malheureusement des nationalistes radicaux qui ont pris le pouvoir par la force». «Il n'y a aucun semblant de contrôle gouvernemental pour maintenir la loi et l'ordre. (...) Le ton est donné» par les groupes d'extrême droite du mouvement nationaliste Pravy Sektor qui utilisent des méthodes de «terreur et d'intimidation», a-t-il encore affirmé. Il a déclaré que le dialogue devait avoir pour but de pousser les autorités ukrainiennes à respecter l'accord du 21 février, signé par le président d'alors Viktor Ianoukovitch et les leaders de l'opposition. «Cet accord n'est pas appliqué», a-t-il déploré, soulignant que la dissolution des «groupes armés illégaux» et le déblocage des routes et des bâtiments officiels, ou encore la mise en place d'un gouvernement d'unité nationale n'avaient pas été mis en oeuvre. Sur un autre plan et toujours à propos de l'Ukraine, Sergueï Lavrov, a demandé une enquête de l'OSCE sur les responsables de la mort, le mois dernier, de dizaines de personnes à Kiev, tuées dans des attaques de snipers, arguant qu'on ne pouvait continuer à «dissimuler» la vérité. M. Lavrov a tenu ces propos après la divulgation, cette semaine, d'une conversation téléphonique entre la représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, et le chef de la diplomatie estonienne, au cours de laquelle celui-ci confie que l'opposition ukrainienne au président Viktor Ianoukovitch avait pu être impliquée dans ces attaques. «Les dernières informations sur cette affaire de prétendus snipers ne peuvent plus être dissimulées», a déclaré M. Lavrov. «Nous avons proposé que l'OSCE (l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) fasse une enquête objective sur cette affaire, et nous ferons en sorte que justice soit faite» a-t-il précisé. «Il y a eu trop de mensonges, et qui ont été utilisés trop longtemps afin de diriger l'opinion publique européenne dans la mauvaise direction, allant à l'encontre des faits objectifs», a encore ajouté M. Lavrov. Les pays occidentaux ont imputé à la police anti-émeute de Viktor Ianoukovitch, aujourd'hui destitué, la majorité des violences qui se sont soldées par des dizaines de morts en février à Kiev. Dans cet entretien téléphonique, qui a eu lieu le 26 février, le ministre estonien a déclaré à Mme Ashton que selon ses sources à Kiev, «c'étaient les mêmes tireurs embusqués qui ont tué des gens des deux côtés», aussi bien parmi les manifestants que les policiers. Des dizaines de manifestants et environ 15 policiers ont été tués dans les violences. M. Paet, qui avait eu à Kiev des entretiens avec le nouveau gouvernement provisoire le 25 février, a ajouté: «C'est assez troublant que la nouvelle coalition ne veuille désormais plus enquêter sur ce qui s'est vraiment passé», a-t-il ajouté.