Satyrique à souhait, Baâziz pose un regard critique sur la société, comme feu Rachid Ksentini. Entre deux escales venant du Canada et repartant pour Paris via Cherchell pour des raisons familiales, les obsèques de sa belle-mère, Baâziz nous a fait l'infime honneur de nous recevoir chez lui. Fidèle à lui-même et à ses idéaux, il nous a brossé un tableau riche en couleur de ses activités artistiques. Artiste (complet), véritable homme orchestre, satyrique à souhait, Baâziz pose un regard critique sur la société, comme feu Rachid Ksentini (sa source d'inspiration et surtout d'identification) dont la notoriété a connu des moments de gloire, beaucoup plus à titre posthume. C'est vrai qu'«on ne peut pas plaire à tout le monde», dit l'adage. Cependant, toute société a besoin de gens (d'exception) qui «osent dire et dénoncer» ce que l'ensemble a peur (seulement) de «penser». Cela sans avoir peur du courroux des dirigeants, c'était, d'ailleurs, le rôle dévolu au «fou» du roi dans les temps anciens. Alors qu'on avance dans le temps et dans l'Histoire, Baâziz se considère comme un VMP (Very maboul persona). Concernant son retour sur la scène algéroise, il dit qu'il a été comblé de joie de retrouver l'ambiance pure et dure des gens du terroir. «Le public ici, est différent de celui d'outre-mer, car il se compose d'une communauté 50/50. De ce fait, mes compositions sont ponctuées de chansons à deux tons et à deux mesures» (linguistiquement parlant et surtout culturellement Ndlr). Il ajoute: «Il y a des Algériens en France qui ne comprennent aucun mot d'arabe, donc je suis obligé de chanter en français. Car, certaines expressions comportent des nuances de sens que seuls les Algériens d'ici peuvent saisir». D'ailleurs, son spectacle (actuel) autant que son nouvel album est composé de chansons en langue française et d'autres en arabe dialectal. Evoquant son album Coyotes qui a fait un tabac au hit-parade des ventes: «La composition (paroles et musique) a été élaborée en France, cependant, l'enregistrement a été réalisé ici (en Algérie), avec un groupe de copains comme spectateurs, on a reconstitué un ‘‘live'' pour de vrai». «Concernant l'interprétation de la chanson de G. Brassens je tiens à déclarer que je compte réitérer avec une chanson de Joe Dassin (Salut les amoureux: on s'est aimé comme on se quitte...)». Voilà quelqu'un qui s'amuse à faire de la création artistique, à rénover et à introduire des sonorités nouvelles pour rehausser le niveau d'appréciation culturelle des jeunes et ainsi pouvoir participer à l'éducation de leur goût en matière de musique. La caractéristique musicale première de sa K7 est une forme d'utilisation de thèmes, de rythmes, de sonorités musicales qui dénotent d'une certaine forme d'universalité de l'esprit de celui qui l'a conçu. Baâziz est universel dans sa dimension culturelle, dans sa manière de concevoir la vie et les relations avec les autres. «Je rencontre tous les jours, à Paris, des compatriotes artistes, de tout bord, avec qui, j'entretiens des relations de pure convenance et convivialité (Khaled, Mami et les autres...)». Boulevard Saint-Martin (Chatelet), «Un café-théâtre» sert de rencontre et de prestations artistiques à beaucoup de nos chanteurs expatriés réels ou expatriés occasionels. A partir de cet endroit Baâziz rencontre et offre à certains la possibilité de se produire: chanteurs chaâbis et modernes, même cheikha Remiti a eu l'occasion d'y figurer. Baâziz est un artiste au grand coeur. Il ne rate jamais l'occasion de venir en aide à ses compatriotes artistes (beaucoup se reconnaîtront). L'expérience d'«Algérie mon amour» en est une preuve inextinguible, où certains chanteurs (déchus) ont refait surface après leur participation à l'interprétation de cette chanson. Tandis que le spectacle, qui a inspiré le titre de l'article VMP, est tiré du spectacle du même nom qui tourne actuellement en France, à travers un répertoire mixte (dans tous les sens du terme: des sketches, des chansons en français et en arabe dialectal...). Il nous dira à cet effet: «C'est une expérience qui est très positive, car elle me permet de travailler plus et de découvrir plus, en sonorités, en diversités musicales...D'ailleurs, je souhaite faire un album qui sera bientôt sur le marché. Mais reste cette dualité d'interprétation de certains titres qui, dans mes spectacles en France, m'oblige à composer et à interpréter mes chansons dans les deux langues, alors qu'en Algérie, c'est plus simple.» Avant de terminer, il revient à sa dernière production à Alger, car il voulait nous faire part de son plaisir et de ses remerciements à son public de toujours, et aussi d'avoir eu la surprise d'avoir parmi l'assistance certains chantres de la musique algérienne, Aït Menguellet entre autres. Portant l'Algérie dans son coeur, il clame haut et fort à qui veut l'entendre son attachement à cette terre, et que «Dieu nous a donné un pays splendide, à nous de le rendre sublime». Dans son comportement, dans son franc-parler, dans son exubérance quand il parle de son pays, dans son humilité quand il parle de l'amitié et du devoir...on se sent vraiment devant un VIP (Very important persona) même s'il se complaît à se dire être un VMP (Very maboul persona) c'est surtout un maboul de l'Algérie, de sa famille, de ses amis et encore et toujours...de l'Algérie.