Abdelaziz Bouteflika En réalité, les deux candidats n'ont pas attendu le début officiel de la campagne pour l'entamer. Ils sont déjà en plein dedans. A quatre jours du début officiel de la campagne électorale, le 23 mars en cours, les directions de campagne des six candidats en lice sont aux derniers préparatifs. Tout semble être fin prêt pour entamer cette campagne en vue de parcourir, durant les 21 jours que durera la compétition, le maximum de wilayas et tenter de convaincre les électeurs du bien-fondé des programmes des candidats. Cela même si quatre des six candidats savent qu'ils n'ont aucune chance de l'emporter. Il s'agit de Louisa Hanoune (SG du PT), de Ali Fewzi Rebaïne (président de AHD54), de Moussa Touati (président du FNA) et de Abdelaziz Belaïd (président du Front El Moustaqbel). Ces quatre candidats, dont les trois premiers cités ont pris part à la présidentielle de 2009 et en sont sortis avec des scores ridicules et humiliants, participent juste pour participer. La logique aurait voulu en effet, que quand on perd une élection avec un score humiliant, on ne refait pas l'expérience et à plus forte raison pour affronter le même candidat. Ils font de ce fait, de la figuration dans une échéance où leur sort est déjà scellé. Il reste les deux principaux adversaires, à savoir les partisans de Bouteflika qui a décidé de rempiler pour un 4e mandat et Ali Benflis. Pour le premier jour de la campagne, Ali Benflis a décidé de son lancement à partir de la wilaya de Mascara. Le directeur de campagne de Bouteflika, après l'avoir programmé à Batna, wilaya de Benflis, a été contraint de délocaliser ses premières prestations à Adrar et Tamanrasset. Mais en réalité, les deux candidats n'ont pas attendu le début officiel de la campagne pour l'entamer. Ils sont déjà en plein dedans. La bataille entre eux est déjà lancée avec, comme avant-goût, les menaces des uns et les mises en garde des autres. Ali Benflis a accusé même le gouvernement de s'être transformé en comité de soutien de Bouteflika, alertant contre les conséquences de la fraude électorale. Pour faire une démonstration de force, les partisans de Bouteflika ont organisé, le 15 mars dernier, un méga-meeting à la Coupole d'Alger. Le même jour, Ali Benflis a présidé une rencontre avec les jeunes à la salle Cosmos (Riadh El-Feth), pleine à craquer. Des activités qui sont illégales du point de vue de la loi. En effet, l'article 188 de la loi électorale stipule que la campagne électorale est déclarée ouverte 25 jours avant la date du scrutin. Elle s'achève trois jours avant la date du scrutin. L'article 189 précise que «nul ne peut, par quelque moyen et sous quelque forme que ce soit, faire campagne en dehors de la période prévue à l'article 188 de la présente loi organique». Clair, net et précis. Il s'agit d'une violation franche de la loi électorale, sans qu'aucune institution ne trouve à redire. La loi est violée par ceux qui l'ont élaborée. Les partisans des deux candidats n'ont pas ignoré le volet communication dans leur stratégie de campagne. La stratégie de la direction de campagne de Bouteflika qui veut à tout prix le 4e mandat en fait même une priorité. Pour améliorer le niveau médiocre du discours ambiant, on a appelé à la rescousse Belkhadem et Ouyahia. Ils occupent déjà l'espace médiatique audiovisuel. Selon les observateurs, l'objectif de rappeler ces deux personnages n'est pas uniquement la réunion de la famille du système mais aussi parer à l'absence physique de Bouteflika et surtout porter le discours à un autre niveau. Les deux hommes sont en effet connus par leur maîtrise du discours. Depuis leur retour aux affaires, il y a quelques jours, ils ont occupé les plateaux des principales chaînes privées algériennes, à savoir Ennahar TV et Dzair TV. Ils s'offrent même les plus grandes chaînes d'information internationales à l'image d'El Arabya et El Hadath où Belkhadem s'est exprimé pendant près d'une heure. La bataille entre les deux camps promet ainsi d'être chaude.