Les responsables politiques des partis boycotteurs saluent leurs militants Chauffé à blanc, le public, qui ne cessait de scander des appels au boycott de la prochaine présidentielle et des slogans hostiles au pouvoir, a fait une standing ovation à l'entrée des chefs des partis politiques! «Kkawa, khawa, khawa! Z'kara fel houkouma!» (Tous ensemble contre le gouvernement). C'est avec ce slogan très significatif qu'a débuté le meeting du front du boycott qui s'est tenu hier après-midi à la salle Hacène-Harcha d'Alger. Ils étaient plusieurs centaines d'islamistes et de démocrates à s'être rassemblés ensemble pour appeler au boycott du scrutin présidentiel du 17 avril prochain. Djelaba et béret, hidjab et cheveux lâchés se sont retrouvés pour la première fois ensemble. Tous unis, ils ont chanté en choeur l'hymne national, avant qu'un silence de marbre ne gagne la salle pour une seule minute...de silence en la mémoire des martyrs de l'Algérie, morts en 1962 jusqu'à ceux des derniers événements de Ghardaïa. Il n'en fallait pas plus pour planter le décor de cette journée que les organisateurs ont appelée historique, «Etant donné qu'elle a rassemblé des Algériens de tout le pays et aux idéologies différentes». Chauffé à blanc, le public, qui ne cessait de scander des appels au boycott de la prochaine présidentielle et des slogans hostiles au pouvoir, a fait une standing ovation à l'entrée des chefs des partis politiques. Les partisans du MSP, d'Ennahda, et du FJD de Djaballah ont applaudi les leaders du RCD et de Jil Jadid, et vice versa. Il n'en fallait pas plus pour entrer dans le vif du sujet. Et c'est Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid qui prend la parole en premier. Il commence par s'attaquer au cheval de bataille des partisans du 4e mandat à savoir la préservation de la stabilité du pays. «Ils veulent faire peur au peuple par rapport au changement en arguant de la situation actuelle en Libye et en Syrie. Mais ce n'est pas vrai, le changement ne veut pas dire chaos», crie t-il sous les applaudissements du public. Il n'omet pas de demander le départ du système actuel, qui «a montré ses limites». A la fin de l'intervention, les «Chaâbe youride isskate enidame» (le peuple veut la chute du système) étaient scandés par des militants chauffés à bloc. L'intervention de Soufiane Djilali était une séance de «chauffe» avant le discours du président du RCD, Mohcine Belabbas. D'emblée, il fait part de sa fierté de voir des Algériens d'idéologies différentes se rassembler. «La rencontre d'aujourd'hui est un point de départ pour un changement sans précédent. La rencontre d'aujourd'hui est celle de l'Algérie plurielle. On sera là pour sauver l'Algérie», lance-t-il. «On est là pour assurer que le vote est une illusion pour ne pas dire trahison», ajoute-t-il. Mohcine Belabbas rappelle que «le changement ne se donne pas. Il s'arrache.» Mais le président du RCD estime que «le changement doit être pacifique et organisé». «Le système va s'effondrer mais l'Algérie va vivre. Vive l'Algérie libre et démocratique», conclut-il. Mohamed Douibi d'Ennahda, lui n'est pas allé par quatre chemins en affirmant que le prochain scrutin sera entaché par la fraude. «Le pouvoir a refusé nos demandes de garantie pour une élection honnête, mais son refus prouve que la présidentielle sera trafiquée. Notre réunion aujourd'hui c'est aussi pour parler d'un nouveau projet politique pour l'avenir avec une Constitution consensuelle», soutient-il. Abdallah Djaballah président d'Al Adala prend la parole sous les applaudissements. Le leader islamiste rend hommage aux habitants des Aurès. Il critique ensuite une «élite corrompue». Cela non sans accuser l'administration et la justice: «L'administration n'est pas neutre et la justice n'est pas indépendante.» Vient le tour de Abderrazak Makri, président du MSP. En vrai politicien, il chauffe la salle en la faisant participer à son discours. Il fait répéter la salle. «Moukataâ» (boycoot), «Vous êtes (les autorités) des fraudeurs»... Des paroles qui mettent la salle en délire. «Ce qu'on vous demande c'est de lutter pour construire l'avenir de l'Algérie», ajoute-t-il avant d'appeler les candidats à se retirer. C'est Ahmed Benbitour qui conclut le meeting. L'ancien Premier ministre, dont l'intervention était courte, a appelé les Algériens à prendre leur destin en main. Il faut aussi signaler la présence d'ex-membres du Front islamiste du salut (FIS), notamment Ali Benhadj entouré de ses «sbires» en transe. Une scène qui rappelle amèrement celle des années 1990, surtout que les anciens slogans tel que «Aâlayha nahya wa aâlayha namoute» ou encore «Ya Ali, ya Abbas, el djebha rahi labass», étaient de mise...