Economie dirigée: le gouvernement vous prend vos vaches, en abat une, fait traire l'autre... et jette le lait.» Anonyme On ne le dit pas assez: l'homme de la rue n'est pas seulement préoccupé par la satisfaction de ses besoins essentiels. Tous les jours il ouvre des yeux effarés devant les piètres performances de l'économie nationale qui se traduit par un envahissement grandissant des produits fabriqués à l'étranger. Ce sont les débats qui animent les cafés et les salons de coiffure, mais hélas, pas les institutions chargées du développement national. La gestion économique d'un pays ne se mesure pas seulement aux performances de ses infrastructures industrielles et de son agriculture ou à la rentabilité de chaque agent engagé dans le processus de production, au progrès du niveau de consommation des ménages, à la baisse de la mortalité infantile, à la hausse du niveau d'instruction, au nombre et à la qualité des villas construites, à la magnificence et à la multitude des lieux de culte, au niveau du plein emploi, à la hausse des exportations et à la baisse des importations, ou tout simplement au solde positif de la balance des paiements. Il est un critère qui, bien que présent dans tous les paramètres évoqués ci-dessus, ne transparaît guère aux yeux du citoyen moyen, mais qui prévaut dans chaque estimation ou auscultation de la santé économique du pays en question: c'est le taux de rentabilité de l'argent placé dans un investissement, à court, moyen ou long terme. En un mot, c'est l'intérêt du capital. Jadis, dans les économies planifiées et dirigistes, les responsables du plan n'avaient cure des résultats des opérations économiques engagées. Dans ces pays qui étaient en général à parti unique ou avec des oppositions asservies ou laminées, l'économie était souvent dominée par le secteur primaire, et dans ce secteur, la principale source de richesse était l'exportation des matières premières. Dans cette économie, il suffisait de placer les sommes budgétaires allouées pour l'exercice budgétaire en cours, de veiller à ce que l'essentiel des sommes allouées soit dépensé et d'attendre la fin du plan pour tirer les conclusions attendues. Ce sont souvent des bilans aussi triomphants que faux. Tout le monde est content car le plein emploi est assuré et il n'y a pas de risque à ce qu'il y ait des vagues de contestation ou de mouvement social contrariant. Cela n'est pas sans déplaire au maître du système, au Grand Timonier qui dirige le grand cirque économique où le fonctionnariat est pléthorique. Tout le monde le sait. Tout le monde applaudit, car tout le monde mange plus ou moins. Tout va bien pour l'immense masse des rentiers. Au lendemain du changement de cap, la réalité amère s'impose et de douloureuses révisions sont nécessaires. Les sommes faramineuses engagées dans le déficit des entreprises publiques vont se trouver bloquées dans les institutions financières qui ne sont pas encore formées à la compétition économique. Le marasme économique qui s'installe durant la période de transition entre économie dirigée et économie libérale sera dur pour les salariés qui connaîtront les ponctions salariales, les licenciements massifs, le chômage, et une inflation galopante. Au-dessus de tout cela, des petits malins, grâce aux complicités qu'ils ont dans les rouages de l'Etat, vont mettre à profit les carences du contrôle des instruments de l'Etat pour rafler la mise et amasser des fortunes gigantesques: aucun secteur n'est épargné par la fraude et la corruption. Les affaires qui s'amoncellent sur le bureau des procureurs de la République témoignent que l'argent qui était jadis englouti par le déficit des entreprises publiques, a trouvé preneur chez des gens qui tenaient le haut du pavé et qu'on présentait comme des sorciers de l'économie..