Le constructeur automobile américain est sous le feu des critiques suite à un problème qui a causé mort d'hommes. Des sénateurs américains ont accusé General Motors de comportement «criminel» dans les rappels tardifs de millions de véhicules équipés d'une pièce défectueuse associés à 13 morts, au second jour de l'audition de la patronne du constructeur, Mary Barra. «Pour moi, ce n'est rien d'autre que criminel», a fulminé la sénatrice républicaine du New Hampshire (nord-est) Kelly Ayotte. «C'est un aveuglement criminel». «Plus j'écoute et plus je regarde ces documents, plus je suis convaincu que GM s'expose à des poursuites pénales», a fustigé pour sa part le sénateur démocrate du Connecticut (nord-est), Richard Blumenthal, en référence à des courriers internes du groupe montrant que le groupe était bien au courant du problème. M.Blumenthal s'en est déjà pris la semaine dernière à GM en des termes violents, et a réclamé la création d'un fonds pour les victimes. D'autres élus ont par la suite joint leurs voix à la sienne. C'est le cas de la sénatrice démocrate Claire McCaskill (Missouri, centre), qui a accusé GM d'avoir mis en place «une culture de la dissimulation». Les élus ont aussi mis en doute la promesse de transparence de Mme Barra, en s'étonnant qu'aucune tête ne soit encore tombée malgré les dysfonctionnements apparents dans cette affaire. Mme Barra a récemment campé sur ses positions, promettant de partager les conclusions de son enquête interne avec les élus. «Je veux comprendre pourquoi rien n'a été fait», a-t-elle assuré, au second et dernier jour de son audition devant le Congrès dans ce dossier. Elle n'a toujours pas expliqué pourquoi GM a pu vendre depuis dix ans des millions de voitures équipées d'une pièce défectueuse. Entre mi-février et fin mars, GM a rappelé 2,6 millions de Chevrolet Cobalt, Pontiac 5, Saturn Ion, Saturn Sky, et Solstice produits entre 2003 et 2011, pour un défaut du commutateur d'allumage ayant empêché les airbags de se déployer. Ce défaut a été lié à une trentaine d'accidents qui ont provoqué la mort de 13 personnes, selon un décompte du constructeur, ce qui lui vaut d'être au centre d'une triple enquête (du département de la Justice, de l'agence américaine de sécurité routière Nhtsa et du Congrès). Depuis janvier, GM a rappelé 4 millions d'autres voitures pour différents problèmes techniques. Mme Barra a recruté l'avocat de renom Kenneth Feinberg, qui avait supervisé le fonds d'indemnisation mis en place par BP pour les victimes de la marée noire de 2010 dans le golfe du Mexique. Rappelons qu'un élu américain avait initialement pressé le département de la Justice de demander à General Motors de créer un fonds pour les victimes d'accidents liés à un défaut de la clé de contact. Le sénateur Richard Blumenthal a envoyé une lettre cinglante au ministre Eric Holder affirmant que le constructeur automobile américain avait volontairement dissimulé des informations concernant ce défaut de la clé de contact, qui a été associé à la mort de 12 personnes. Il révèle aussi que le département de la Justice a lancé une enquête criminelle sur «l'illégalité flagrante des dissimulations de GM», qui pourrait ouvrir la voie à des poursuites pénales. «Compte tenu du rôle crucial que le gouvernement des Etats-Unis a joué dans la création de l'actuel General Motors, le gouvernement fédéral a l'obligation morale, si ce n'est légale, de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger des consommateurs innocents», écrit le sénateur démocrate. Ce dernier dit craindre que GM soit protégé de toute responsabilité juridique pour des événements antérieurs à sa sortie de faillite en 2009. «Les dissimulations délibérées (de GM) ont causé la mort et des dommages, et constituent une fraude auprès du tribunal des faillites qui a approuvé la restructuration», ajoute-t-il. Le constructeur automobile a «aussi déçu de manière criminelle le gouvernement des Etats-Unis et le public». Cette lettre intervient alors que des poursuites ont été engagées au civil la semaine dernière contre GM, au nom des familles de deux adolescents morts en 2006 dans le crash de leur Chevrolet Cobalt, et d'un survivant de l'accident qui a été lié au défaut de la clé de contact. Le groupe de Detroit est sous le feu des critiques depuis l'éclatement de l'affaire des rappels de voitures à la mi-février. Depuis cette date, le premier constructeur américain a rappelé en trois fois au total plus de 3,4 millions de véhicules, essentiellement en Amérique du Nord. Les deux premiers rappels, intervenus le 12 et le 26 février, sont dus au défaut sur la clé de contact. Pour apaiser la tempête et sauver sa réputation, GM a annoncé la création d'un poste de responsable de la sécurité des véhicules, et sa patronne Mary Barra devait témoigner en ce début avril devant le Congrès. GM assure, que certains ingénieurs étaient au courant du problème en 2001 et avaient proposé en 2004 une solution, mais que rien n'avait été fait.