A quand une économie hors hydrocarbures? L'économie algérienne est appelée à s'émanciper de sa dangereuse dépendance des hydrocarbures. Cette même économie est à la croisée des chemins: adhésion à l'OMC, intégration maghrébine et instauration d'une économie basée sur le savoir sont autant de défis qui restent à relever. Les candidats à la présidentielle d'avril 2014 doivent convaincre. Alors que les prédictions pour l'économie mondiale sont noires, les candidats à l'élection présidentielle du 17 avril prochain versent dans le discours dithyrambique, constatent les observateurs. En effet, notre pays qui tire la majeure partie de ses revenus de l'exportation des hydrocarbures, ne vit pas en vase clos et risque systématiquement d'accuser à ses dépens les retombées d'une crise que l'on pense va perdurer et dont l'impact en Algérie se ressentira particulièrement entre 2014 et 2015. Les experts, à l'image du professeur Abderrahmane Mebtoul, invitent les acteurs de la scène politique à user du langage de vérité et à se démarquer définitivement de la sempiternelle culture fondée sur l'illusion de la rente pétrolière. Le discours de vérité s'impose, désormais. Qu'ont-ils apporté à une économie qui n'aura que trop souffert d'être embrigadée dans le schéma de l'import-import? Il leur faudra convaincre les Algériens soucieux de leur devenir et qui sont en quête d'une relation de confiance avec leurs gouvernants. Aussi, et quelles que soient les scénarii envisagés, notamment ceux qui prédisent que l'Algérie entre 2015/2020 connaîtra certainement des tensions budgétaires, l'espoir du renouveau demeure, expliquent les scientifiques. Car, à en croire les érudits, les ajustements et autres mesures impopulaires tels que les restrictions budgétaires peuvent être tempérés et le redressement national de l'Algérie reste possible sous réserve du renouveau de la gouvernance, de l'Etat de droit, du primat de l'entreprise créatrice de richesses publiques ou privées, de la connaissance et de la moralisation de la vie politique et économique. L'Algérie est à la croisée des chemins et les leaders politiques sont invités à faire preuve de réalisme et de persuasion en usant de propos francs qui révèlent clairement leurs programmes respectifs, permettant la transition vers l'économie de marché et la croissance économique, conciliant efficacité économique et une profonde justice sociale. Abdelaziz Bouteflika Bâtir une économie émergente Le bilan du président sortant, Abdelaziz Bouteflika, fait ressortir une croissance moyenne hors hydrocarbures qui s'est stabilisée sur les dix dernières années, autour de 5%. Elle est passée de 1,2% en 2000, a culminé à 9% en 2009 avant d'amorcer une baisse et atteindre les 6,4% en 2013. L'on évalue à 5,64% la moyenne de la croissance du PIB hors hydrocarbures durant la période 2000-2013. Un taux que l'on impute généralement au secteur industriel, composé à plus de 90% de PMI-PME peu initiées au management stratégique et à la concurrence internationale. Globalement, les voyants sont au vert au chapitre économique du candidat Bouteflika qui a su booster le développement, avec à la clé des progrès notables grâce au programme d'investissement exceptionnel lancé lors du dernier quinquennat et l'apport financier conséquent de l'ordre de 1 566 milliards de dinars. Le maintien d'un rythme de croissance économique ascendant, le taux de croissance général hors hydrocarbures et le fléchissement constant de la courbe du chômage qui a atteint 9,8% à la fin de l'année 2013 contre 29,8% en 2000, sont les témoins de ces résultats induits par une politique avisée. Le directeur de campagne du candidat Bouteflika vient à juste titre de rappeler que «l'Algérie d'aujourd'hui est totalement désendettée, connaît un taux de croissance hors hydrocarbures de plus de 7% et dispose d'infrastructures de base à même de lui permettre de bâtir une économie émergente». Notons que Bouteflika invite à construire une économie basée sur le savoir, en allouant des budgets conséquents à l'enseignement supérieur et à la recherche scientifique. Pour rappel, 768 milliards DA ont été alloués à ce secteur sur la période 2010-2014. L'enjeu étant de créer une synergie entre l'université, la formation professionnelle et l'entreprise pour permettre à l'économie nationale de s'ancrer définitivement dans l'économie mondiale. Ali Benflis L'esprit de la loi des 51/49% Ce candidat annonce dans son programme une ouverture économique tous azimuts. Ali Benflis milite également pour l'abrogation de la règle des 51/49%; une règle qu'il maintiendra dans son principe, mais qu'il limitera aux secteurs économiques stratégiques. «L'abrogation de cette règle concernera les milliers de petites et moyennes entreprises dont l'économie a tant besoin, et dont nous voulons créer le maximum pour pouvoir absorber le problème du chômage», a récemment expliqué le directeur de campagne M. Sellat aux médias. Ali Benflis entend réhabiliter l'agriculteur et promouvoir les terres agricoles. L'objectif étant d'assurer la sécurité alimentaire mais également l'exportation de denrées agricoles. La pêche fera office de levier pour le développement local. Louisa Hanoune Instaurer la péréquation pour l'équilibre régional Consciente des réalités mondiales actuelles, la première dame du PT (Parti des travailleurs) candidate à l'élection du 17 avril prochain, se défend de vouloir un jour instaurer la fameuse dictature prolétarienne. Elle reste néanmoins intraitable pour ce qui est des salaires des travailleurs et le niveau du Smig. Elle affiche son veto aux réformes dont elle établit l'échec cuisant, et milite pour le gel de l'Accord d'association avec l'UE. «Maintenant que l'échec des réformes est confirmé et des contradictions dans les politiques économiques et sociales établies, on a besoin de renouveau, un nouveau cadre institutionnel...» Pour enfin changer de régime. Son programme économique met en avant les propositions et positions que l'on connaît au PT, notamment la constitutionnalisation de la règle des 51/49% se référant à la préférence nationale en matière de partenariat et d'investissement. Louisa Hanoune estime en outre que le caractère républicain véritable exige la mise en place d'un système de péréquation pour un véritable équilibre régional et l'intégration de la règle de la discrimination positive dans le plan de développement national avec des programmes particuliers, selon les besoins et le déficit dans les rentrées et le développement. Abdelaziz Belaïd Il plaide pour le développement de la PME Le candidat du Front El Moustakbal (FM) à la présidentielle du 17 avril prochain, Abdelaziz Belaïd, se réclame d'une réforme radicale du système économique algérien. «La réforme radicale de nos systèmes politique, économique et social est devenue une revendication pressante des citoyens» est-il précisé dans le programme de postulant à la magistrature suprême. Pour l'industrie, l'accent est mis sur le développement de la PME et celui de la sous-traitance, autour des grands complexes pour la création des richesses et des emplois. La valorisation des salaires des retraités, des handicapés et des autres couches défavorisées est également à l'ordre du jour. Pour Abdelaziz Belaïd le problème algérien demeure purement économique. Il s'agit donc de le résoudre tout en observant les règles de fonctionnement d'homogénéité de la société qui résident au niveau de l'équilibre, de l'égalité des chances et de la justice sociale... Moussa Touati Un programme en faveur de l'investissement productif Le candidat du FNA cite de manière récurrente les enjeux économiques dans lesquels l'Algérie doit s'inscrire autour de la mondialisation. Il appelle à la création de l'emploi, localement, afin de réduire sinon anéantir des fléaux comme le trafics de carburant aux frontières. Le programme de Moussa Touati a pour autre priorité d'encourager les entreprises économiques créatrices de richesse et pourvoyeuses de postes d'emploi, et d'accorder toute l'aide nécessaire aux PME/PMI. Ledit programme s'inscrit en droite ligne de l'investissement productif. Ali Fawzi Rebaine Il déterre le dossier des faux agriculteurs Ce candidat qui attache une grande importance au volet économique déplore la dépendance alimentaire dont souffre le pays. Il promet de réaliser l'autosuffisance alimentaire à travers l'élaboration d'un programme de soutien au profit des vrais agriculteurs. Il déterre le dossier des faux agriculteurs et s'oppose à l'effacement de leurs dettes.Ali Fawzi Rebaine encourage le développement des industries de transformation génératrices pour la résorption, croit-il, du chômage. Le candidat du parti Ahd 54 s'oppose au «bradage du pays au plus offrant» et appelle à examiner de près les grands accords commerciaux liées avec de tierces parties. D'après lui, la vraie question est de savoir où sont nos intérêts et qui les garantit? Il déplore surtout l'absence d'institutions qui vérifient l'utilisation des deniers publics. «Qui défend les intérêts de l'Algérie? Si j'étais président, aucune entreprise étrangère ne viendrait forer en Algérie. Nous sommes largement capables de le faire.»