«Il est temps de légiférer dans l'intérêt public qui va dans le sens du développement de la santé publique», a déclaré le Pr Abdelouahab Bengounia. Mettant en exergue le rôle des collectivités locales et le secteur de la santé sur un pied d'égalité, le professeur Abdelouahab Bengounia, chef de service épidémiologie et médecine préventive du CHU Mustapha-Pacha, a dressé un tableau noir sur la politique de la santé en Algérie. «Depuis l'Indépendance nationale, le secteur de la santé à connu 26 ministres. Mais rien n'a changé dans la politique de la santé», a-t-il déploré hier, dans une conférence de presse au forum El Moudjahid à Alger. Le conférencier a souligné que le premier déclin de la dégradation du secteur, «a commencé avec l'arrivée de Amar Tou en tant que ministre de la Santé et depuis, c'est l'anarchie totale qui a régné dans le secteur». Le Pr Bengounia a argué sa critique contre l'ex-ministre de la Santé, par l'ouverture des cliniques privées aux dépens du secteur public, au point de créer une véritable hémorragie des compétences à tous les niveaux. Il a ajouté également que l'absence de concertation et consultation des professionnels du secteur est la cause principale de la dégradation du secteur de la santé depuis. Axant son intervention sur l'absence de la prévention et le retour de la maladie du paludisme à cause de la dégradation de la qualité de vie des citoyens qui dépend directement de la responsabilité des collectivités locale, le Pr Bengounia a avancé un chiffre qui varie entre 500 et 600 cas par an en Algérie. La wilaya de Ghardaïa enregistre le plus grand nombre de malades à cause de la dégradation de l'environnement sur tous les plans. Partant d'une simple analyse, le conférencier a suggéré la mise en oeuvre d'un bulletin épidémiologique hebdomadaire dans les 1 541 communes du pays, le secteur de la santé aura des statistiques plus proches de la réalité et pourquoi pas pour d'autres maladies afin de pouvoir dégager une base de données fiables pour tout le secteur de la santé. Portant une lourde responsabilité aux collectivités locales qui ne prennent pas en compte les préoccupations élémentaires de la population et ce, pour une raison de mauvaise gestion, le Pr Bengounia a élargi le débat à d'autres secteurs d'intervention, à commencer par l'obligation d'une alimentation saine, une bonne hygiène, l'eau potable, les accidents de travail, la tuberculose, la scolarisation, la qualité des routes et l'éradication des bidonvilles qui sont à l'origine de l'augmentation des crimes sous toutes ses formes, les suicides, la délinquance juvénile, la drogue, la pollution sonore et autres fléaux sociaux négatifs au point de voir des personnes malades qu'on exploite dans la mendicité sur la voie publique. Evoquant la nécessité du développement de la prévention primaire des maladies, la prévention secondaire et la prévention tertiaire qui diminue les complications, le conférencier a plaidé pour l'amélioration de l'environnement et la qualité de vie des citoyens, en allant jusqu'à parler de la gestion des embouteillages et autres fléaux qui augmentent le stress qui pousse aux drames et à la moralité de la société. «Il est temps de légiférer dans l'intérêt public qui va dans le sens de l'amélioration et le développement de la santé publique», a-t-il recommandé.