Comment se porte le secteur de la santé en Algérie ? Il agonise, selon le constat dressé par le professeur Abdelouahab Bengounia, chef de service épidémiologie et médecine préventive du CHU Mustapha-Pacha. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) Vingt-six ministres se sont succédé à la tête du ministère de la Santé. Résultats ? Le professeur qui était invité, hier, pour animer une conférence de presse au quotidien El Moudjahid, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la santé, résume la situation en une phrase : «Il ne faut pas tomber malade en Algérie.» Estimant qu'il y a une destruction programmée du secteur de la santé, l'intervenant dit que l'on ne peut même pas parler d'une politique de santé car il n'en existe pas. Abdelmalek Boudiaf, l'actuel ministre de la Santé, «ne fera pas mieux que ses prédécesseurs et quittera le secteur sans rien faire», dit-il. Et pour cause, le professeur reproche aux responsables du secteur l'absence de concertation et de transparence. Pour une réorganisation sanitaire, le Pr Bengounia, qui estime qu'une réforme d'un secteur doit être limitée dans le temps, propose de faire d'abord une évaluation objective de toutes les politiques passées. Evoquant le thème choisi cette année par l'OMS pour la Journée mondiale de la santé «les maladies à transmission vectorielle», l'intervenant estime que l'Algérie n'est pas à l'abri. Ainsi, pense-t-il, le paludisme risque son retour dans la wilaya de Ghardaïa. Déjà considéré comme le foyer de cette maladie, la situation qui prévaut là-bas en ce moment ne peut que favoriser sa réapparition. D'autant que, dit-il, il y a un relâchement des systèmes de prévention. Ainsi, dit-il, le budget consacré à la prévention est seulement de 3% du budget global. Pourtant, rappelle M. Bengounia, l'Algérie qui comptait 100 000 cas de paludisme par an dans les années 60 a réussi à atteindre les zéro cas en un délai de cinq ans avec le programme national d'éradication lancé à l'époque. Pour rappel, l'OMS explique que les maladies à transmission vectorielle sont causées par des pathogènes et des parasites présents dans les populations humaines. Chaque année, on relève plus d'un milliard de cas et plus d'un million de décès dans le monde, imputables à des maladies à transmission vectorielle telles que le paludisme, la dengue, la schistosomiase, la trypanosomiase humaine africaine, la leishmaniose, la maladie de Chagas, la fièvre jaune, l'encéphalite japonaise et l'onchocercose. Les maladies à transmission vectorielle sont responsables de plus de 17% de toutes les maladies infectieuses et leur répartition est déterminée par une dynamique complexe mêlant facteurs environnementaux et sociaux.