Cette revendication n'est pas près d'être satisfaite par le pouvoir. La polémique qui a refait surface à la veille de la dernière élection présidentielle au sujet du retour de l'ex-FIS à la légalité a été close hier par le chef du gouvernement. A l'origine des spéculations politico-médiatiques sur cette question, on relève le soutien public apporté à la candidature de Bouteflika à la présidence de la République par des figures du parti dissous, en Algérie et à l'étranger. En effet, les positions exprimées par Madani Mezrag, Mohamed Sahnouni et Rabah Kébir ont alimenté la rumeur faisant état d'un deal entre le cercle présidentiel et la direction de l'ex-FIS, d'autant que le maître mot de la campagne électorale de Bouteflika a été le concept de réconciliation nationale. Malgré le refus de nombreux autres dirigeants du parti dissous de se conformer à l'appel de Mezrag, à l'image d'Abassi Madani qui a opté pour le boycott, il s'est trouvé des voix pour accréditer la thèse du retour de l'ex-FIS à la légalité sous la bannière de la réconciliation nationale. Cette thèse revenait avec d'autant plus d'insistance que certains observateurs et autres acteurs politiques y ont vu un fond de vraisemblance, s'appuyant pour ce faire, sur le nécessaire aboutissement de «la réconciliation politique», comme principal acte à même de concrétiser la démarche présidentielle. Les partis politiques soutenant cette approche sont donc revenus à la charge sur cette question précisément en réclamant purement et simplement la réhabilitation du FIS dissous. Cependant, cette revendication, qui revient au devant de la scène à la faveur du dernier rendez-vous électoral n'est pas près d'être satisfaite par le pouvoir. La réaction d'Ouyahia en dit, en effet, long sur les intentions des plus hautes autorités politiques du pays et sur la lecture qu'elles font du concept de réconciliation nationale qui, lui, va au-delà d'un épisode de l'histoire de la nation. En d'autres termes, le pouvoir n'est vraisemblablement pas enclin à répondre positivement aux forces politiques qui souhaitent un retour de l'Algérie à l'avant-élection législatives de 1991. Le pouvoir est d'ailleurs conforté dans ses positions par la tournure que prend la question de l'islamisme radical à l'échelle internationale. Il ne s'en trouvera aucune capitale étrangère pour faire pression, d'une manière ou d'une autre, pour l'obliger à donner à l'ex-FIS une seconde vie. Déjà minoritaires au sein de la classe politique et dans la société, les partisans du retour du parti dissous à l'activité politique légale, ne disposent donc, d'aucune sorte de soutien à l'étranger. Une unanimité est effectivement réalisée au niveau mondial pour enterrer définitivement le dossier de l'ex-FIS, à plus forte raison, d'ailleurs, que la démocratisation du système politique algérien a été jugée satisfaisante par les grandes puissances.