«Les propos tenus par Noureddine Yazid Zerhouni sont très corrects, compréhensibles et justes», nous a affirmé un des responsables de l'AIS, hier, dans un bref entretien accordé sur le seuil de sa maison familiale. Selon notre source, «il n'y a vraiment pas de quoi alimenter la presse à sensation: rien n'a été entrepris par les anciens de l'AIS et rien ne sera entrepris, qui ne réponde à des impératifs politiques légaux et légitimes». Poussant l'explication de son compagnon plus loin, Abdelkader Boukhamkham, un des plus proches amis de Madani Mezrag, pense qu'il faut être réaliste et voir, avec le ministre de l'Intérieur, que «c'est aux lois de la République de trancher». Il affirme encore que les propos tenus par Yazid Zerhouni sont «conformes à la justice», et ont replacé le débat «dans le cadre légal des lois de la République, loin des polémiques outrancières, irresponsables et électoralistes engagées par le ministre de la Justice, Ahmed Ouyahia, lors de ses derniers harangues politiques». Selon Boukhamkham (qui s'exprime en parfaite coordination avec les chefs de l'AIS), il y a parmi les repentis ceux qui sont, peut-être, disqualifiés par la loi et ne peuvent donc participer à une quelconque activité civique et politique, mais aussi ceux qui sont en règle vis-à-vis des lois et de la justice, et personne, donc, n'est en mesure de prononcer contre eux une sentence d'élimination de la vie quotidienne des Algériens, et encore moins leur obstruer les voies de l'expression, politique ou autre. Rappelons que la question de la participation, sous quelque forme que ce soit, des leaders politiques de l'ex-FIS et anciens de l'AIS a été au centre d'une très large polémique, comme elle a été l'axe central autour duquel s'est articulé le discours de certains leaders politiques tels que Ouyahia, qui se sont posés de fait comme des champions du courant néo-éradicateur. Il y a quelques jours, le ministre de l'Intérieur avait déclaré que «la loi étudiera la situation des repentis au cas par cas» et que, à aucun moment, il ne sera permis à des personnes «menaçant la sécurité du pays de participer aux élections». Au-delà de cette énigmatique position des repentis de participer ou non à la prochaine élection, il y a lieu de souligner la hantise de certains leaders politiques et partis siégeant ou non dans le gouvernement, de voir surgir en grand nombre un électorat islamiste «lourd» et susceptible de faire basculer le cours des élections. Concrètement, la quasi-totalité des leaders des organisations autodissoutes telles que l'AIS ou la Lidd a tourné le dos à toute participation aux élections. Madani Mezrag s'est muré dans un silence hermétique. Kertali et Ali Benhadjar ont déclaré ne pas être intéressés par des élections. Ce dernier, ex-émir national de la Lidd, est allé jusqu'à dire qu'«aucune organisation autodissoute n'est désormais plus en mesure de parler ou d'agir comme si elle existait encore». Malgré cela, des cercles politico-médiatiques ont continué à entretenir le débat sur l'éventualité de la participation des repentis de l'AIS, par le biais d'une alliance ou d'un soutien qu'ils apporteraient «à un parti ou à un candidat». Dans d'autres démocraties, cette stratégie s'appelle «la théorie de Sylvestre, le chat», et consiste à brandir un monstre qui n'en est pas un.