Amara Benyounès Louisa Hanoune Amar Ghoul L'idée d'une conférence nationale pour la transition ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique. Elle est soutenue par les uns et rejetée par les autres. L'idée d'une conférence nationale pour la transition ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique. Alors qu'il occupe davantage le coeur de l'actualité nationale, le sujet suscite un sérieux débat. L'opposition adopte véritablement cette démarche. Des partis politiques de différentes tendances, des personnalités politiques et des anciens responsables insistent sur la nécessité de passer à un autre cap, à savoir la transition. La liste des partisans de cette démarche ne cesse de s'élargir. L'ancien président de la République, Liamine Zeroual, l'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, le candidat indépendant, Ali Benflis, Saïd Saâdi, le front des partis appelant au boycott, le général à la retraite Mohand-Tahar Yala, et même certains responsables au gouvernement parlent tous de transition. Même si les visions sont différentes, elles convergent toutes vers un seul objectif: la transition. Des contacts sont lancés de part et d'autre entre les différents courants pour mener à bon port ce projet. Le parti FFS accélère la procédure pour présenter une plate-forme à la conférence sur le consensus national pour aller vers une transition. La conférence de consensus national vise, selon le parti, à «définir» les règles nécessaires pour un meilleur fonctionnement de l'Etat et des institutions, des modalités et des instruments permettant la mise en place d'un système politique ouvert. Le FFS est convaincu que sur certaines questions d'intérêt national, un consensus sur les politiques à mener, est d'une importance «vitale» pour faire renaître «la confiance, remettre le pays au travail et préserver l'avenir des générations futures». Une démarche qui trouve un écho favorable auprès des autres partis de l'opposition. Le leader du Parti du développement et de la justice, Abdellah Djaballah plaide également pour la transition démocratique. Lors de l'ouverture vendredi dernier d'une session de formation politique pour l'encadrement de son parti, il a appelé les intellectuels de tous corps confondus à s'impliquer et s'entendre sur un agenda pour une transition démocratique. «Il y va de la responsabilité historique de tout un chacun», a-t-il affirmé. Or, cette démarche est rejetée par les partis proches du pouvoir. Ils sont nombreux à constituer un bouc émissaire contre ce projet. La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, s'est attaquée à cette démarche. Pour elle, la conférence nationale de transition, à laquelle s'emploient à organiser dans les prochaines semaines de nombreuses formations politiques de l'opposition, va mener à l'anarchie. «C'est la confiscation de la volonté populaire. La période de transition conduit à l'anarchie. C'est un partage du pouvoir entre personnalités politiques», a-t-elle estimé vendredi dernier dans son rapport d'ouverture à la réunion du bureau politique du parti. «Ceux qui évoquent la nécessité d'une Constitution consensuelle veulent s'ériger en tuteurs du peuple», a-t-elle affirmé. Le patron du MPA a également critiqué cette démarche. Amara Benyounès dit qu'il ne comprend pas ce projet de conférence nationale pour la transition démocratique. Dans un entretien accordé au site électronique TSA, M. Benyounès estime que cette idée n'a pas lieu d'être après le 17 avril. «Qu'est-ce qu'ils veulent à travers une transition?» s'est-il demandé avant d'ajouter: «Ils veulent que le président Bouteflika soit évacué de la scène politique. Mais personne ne peut l'évacuer en dehors du peuple algérien. Ce dernier a tranché, et il n'y aura pas de transition.» Le patron de TAJ, Amar Ghoul, a affiché un refus catégorique à cette démarche. «Il n'y a pas de crise politique, ni de guerre pour aller vers une période de transition», a soutenu le patron de TAJ lors d'une conférence de presse tenue au lendemain de l'annonce des résultats. Devant ce front, l'opposition va-t-elle réussir à mener son projet de transition ou finira-t-elle par l'abandonner à mi-chemin? Pour les observateurs de la scène politique, il est encore très tôt pour en faire le constat.