Des massacres et exactions contre les civils, sur des bases ethniques, ont été attribués aux deux camps, et ont chassé plus d'un million de Sud-Soudanais de chez eux. La Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay, chargée d'enquêter sur les massacres accompagnant le conflit au Soudan du Sud, est arrivée hier à Juba, tandis qu'à Addis-Abeba l'incertitude régnait sur une reprise des pourparlers entre belligérants. Mme Pillay «est arrivée à Juba», a déclaré Joe Contreras, un porte-parole de la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) où l'armée gouvernementale, fidèle au président Salva Kiir, affronte depuis mi-décembre les troupes loyales à son ancien vice-président Riek Machar, sur fond de rivalité politique entre les deux hommes au sein du régime. Le conflit a pris une tournure ethnique, MM.Kiir et Machar étant issus des deux principaux peuples du pays, les Dinka et les Nuer, que divisent de vieux antagonismes plongeant pour partie leurs racines dans la guerre - une des plus longues du contient africain - ayant opposé entre 1983 et 2005 Khartoum à la rébellion sudiste, désormais au pouvoir à Juba. Des massacres et exactions contre les civils, sur des bases ethniques, ont été attribués aux deux camps, et ont chassé plus d'un million de Sud-soudanais de chez eux. Mme Pillay, accompagnée d'Adama Dieng, conseiller spécial sur la prévention du génocide auprès du secrétaire général de l'ONU, doit rester deux jours au Soudan du Sud et rencontrer le président Kiir et de hauts responsables gouvernementaux.Un déplacement hors de Juba, sur les sites de récents massacres, est également prévu si «les conditions de sécurité le permettent», selon l'ONU. Aucun détail n'a pu être obtenu. Le Conseil de sécurité de l'ONU a menacé le 24 avril de sanctions ciblées les responsables des deux camps, après l'attaque mi-avril à Bor (est) d'une base de l'ONU abritant des milliers de réfugiés dont une cinquantaine ont été tués, puis le massacre de plusieurs centaines de civils à Bentiu (nord), attribué par l'ONU aux forces pro-Machar qui venaient de reprendre la localité. Dans une intervention d'une rare virulence, le Conseil a dénoncé «le ciblage systématique des civils sur une base ethnique» et chargée Mme Pillay d'une mission d'enquête au Soudan du Sud, qui a replongé dans la guerre trois ans à peine après son indépendance, proclamée en juillet 2011. Il a également appelé les responsables des deux camps à «faire cesser les violences» contre les civils et faire rendre des comptes à ceux s'en rendant coupables. En Ethiopie, l'incertitude régnait hier à Addis-Abeba autour des pourparlers entre belligérants sud-soudanais, censés reprendre avant la fin du mois d'avril. La médiation a annoncé leur redémarrage dans la journée, les délégations semblaient plus sceptiques. Ce deuxième cycle de négociations, ouvert en février et destiné à trouver une issue politique durable au conflit, a été suspendu à deux reprises sans aucune avancée et sa reprise déjà reportée. «Il est prévu que les pourparlers recommencent aujourd'hui», a déclaré hier une source ayant requis l'anonymat au sein de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), organisation sous-régionale est-africaine qui assure la médiation dans la capitale éthiopienne. L'Igad n'a cependant fait aucune annonce officielle et les deux délégations ont indiqué ne pas être informées dans l'immédiat d'une reprise des discussions hier.