Sahraoui, devenu aussi loquace que son prédécesseur, apporte un soin méticuleux à poursuivre le terrorisme jusqu'au bout. Tout porte à croire que l'information, donnée par notre journal, sur l'élimination de Hassan Hattab, « émir fondateur » du Gspc, groupe dissident du GIA, a provoqué quelque débandade dans les rangs des quelques maquis encore en action dans les régions centre du pays. En témoigne le démenti relatif à cette affaire, signé par Nabil Sahraoui, Alias Mustapha Abou Ibrahim. Après une éclipse de presque une année, ce groupe revient à la charge sur le plan médiatique, d'une manière pour le moins troublante. Nabil Sahraoui est de nature taciturne, contrairement à Hattab, dont le « règne » qui s'est étalé de 1998, année de création du Gspc, jusqu'à l'été 2003, a été ponctué par des dizaines de communiqués ainsi qu'un nombre important de documents divers. Le nouvel émir national de ce groupe terroriste, le seul qui dispose encore en Algérie de quelque pouvoir de nuisance, citant pour la seconde fois notre journal, tente vaille que vaille de sauver les meubles. La nouvelle relative au «départ» de Hattab, comme s'il était possible de démissionner d'un groupe terroriste que l'on a soi-même créé ! semble avoir déstabilisé les maquis. D'où la vaste offensive médiatique, ponctuée par quelques attentats, au moment où les 9 premières redditions officielles viennent enfin d'être enregistrées à Jijel. Nabil Sahraoui, en effet, s'appesantit longuement sur les rumeurs faisant état de redditions massives enregistrées depuis plus d'un mois dans les rangs du Gspc. Non seulement il dément l'existence de contacts entre lui et les autorités algériennes, mais aussi entre ses «hommes» et leurs proches ainsi que les repentis, lesquels semblent jouer un rôle déterminant dans l'accomplissement de cette opération. Madani Mezrag, pour ne citer que le cas de l'émir national de l'AIS, a confirmé publiquement à maintes reprises l'existence d'initiatives en direction des maquis encore actifs dans le pays. Il est allé jusqu'à promettre des annonces importantes dans un assez proche avenir. La démarche, toutefois, semble avoir été quelque peu compromise, comme le déplore Mezrag lui-même qui, dans sa dernière sortie médiatique à la suite d'une courte visite à Alger, a reproché aux autorités de ne pas mettre assez du leur. Nabil Sahraoui, qui donne l'air de tenter de stopper désespérément l'hémorragie qui tend à gagner ses rangs, depuis que le terrorisme a été défait militairement et politiquement et que Bouteflika a mis en exergue sa «réconciliation nationale», maintient sa démarche suicidaire jusqu'au bout. L'homme, qualifié de «très extrémiste» par des sources au fait de l'islamisme intégriste algérien, craignent carrément que les «poches terroristes» qui activent encore sous sa coupe, et qui pourraient refuser de déposer les armes, ne recourent aux mêmes méthodes expéditives qu'étaient celles du GIA. La doctrine d'El-Hidjra oua Takfir, qui accuse d'apostasie tous ceux qui ne prennent pas part au «djihad» rend licite l'assassinat de toute la population, y compris les femmes, les infirmes et les enfants. Mais, pour le moment, Nabil Sahraoui, cet ancien imam dans la ville de Batna, maintient un cap pour le moins douteux en allant jusqu'à affirmer ne pas être derrière l'assassinat, au mois de mars dernier, de l'imam Abou Hafs Blida, à sa sortie de la mosquée de Mohammadia. Cet homme, disaient les témoignages, jouait lui aussi le rôle de courroie de transmission entre les groupes terroristes et les autorités, permettant ainsi l'accomplissement d'un nombre important de redditions. Outre le fait que ces activités «extra cléricales» ne pouvaient déranger que l'émir du Gspc, toutes les sources au fait des activités terroristes s'accordent à présent pour dire que c'est ce groupe qui a réussi à infiltrer la capitale depuis quelques mois. Menant une sourde guerre aux policiers et aux repentis, ce groupe, divisé en tandems parfaitement cloisonnés, serait derrière l'ensemble des assassinats qui ont eu lieu à Alger durant les quelques mois passés.