Ce parti de l'alliance ne donne pas l'impression d'être mieux informé que les autres sur les questions politiques. L'alliance stratégique est en passe de vivre sa première crise. Ce nouveau courant politique, né à la faveur de la présidentielle, semble avoir du mal à effacer d'un trait de plume, les divergences et les écarts qui éloignaient politiquement ses meneurs, avant la signature du pacte. A l'origine de cet «incident», l'intervention musclée du chef du gouvernement, lequel avait pris de court tout son monde en niant, devant les députés de l'APN, l'existence de mécanismes pour la réconciliation nationale, mais aussi en écartant catégoriquement la levée de l'état d'urgence. Des réponses qui contredisent les positions du MSP, dont le président n'a cessé de revendiquer un cadre juridique pour la réconciliation. A la veille de l'exposition du programme du gouvernement, le président du parti avait même admis l'existence d'une commission chargée de ce dossier. Ouyahia ne s'arrête pas là et pousse le bouchon plus loin. Il affirme que l'état d'urgence ne sera pas levé de sitôt, alors que le représentant du courant islamiste dans l'alliance a déposé sur le bureau de l'APN un projet dans ce sens depuis trois ans ; qui est actuellement au niveau de la Commission de la défense, et ne compte pas le retirer, selon les dires de M.Menasra, le secrétaire national chargé de l'information. Et ce, en dépit du fait que «ce dossier ne constitue plus une priorité pour le parti». Contacté par nos soins, M.Mokri a reconnu que les deux questions évoquées n'ont pas encore fait l'objet de débat au sein de l'alliance. Cela va se faire probablement «dans deux mois à l'occasion de la réunion du comité de coordination de l'alliance». La réponse de notre interlocuteur suppose, en premier lieu, que le MSP n'a pas été associé dans l'élaboration du programme d'un gouvernement avec lequel il siège à côté du FLN et du RND. La mission de l'alliance stratégique a-t-elle, dans ce cas-là, pris fin le 9 avril. M.Mokri insiste sur le fait que l'alliance «dépasse le cadre conjoncturel, et vise à renforcer la concertation». Il défend plus loin Ouyahia, suggérant «une mauvaise interprétation de son discours de la part de la presse et des observateurs». Les excuses ne manquent pas pour M.Mokri. Ce dernier ira jusqu'à penser que le chef du gouvernement «n'avait peut-être pas choisi les termes qu'il fallait, ce qui a donné un autre sens à son intervention». Devant notre insistance, il finit par lâcher que «Ouyahia exprimait une opinion personnelle qui n'engage pas obligatoirement l'Exécutif». Le MSP campe toujours sur sa position, en évoquant l'opportunité de créer un cadre juridique pour la réconciliation et fait sa propre lecture du texte du programme du gouvernement qui évoque, de l'avis de notre interlocuteur, explicitement, la mise en oeuvre de mécanismes pour la circonstance. Faisant allusion au chapitre relatif à la réforme des mécanismes et des instruments de la politique sociale nationale, qui prévoit d'une manière vague, «de donner les moyens de pérenniser la justice sociale et la solidarité nationale au service de la réconciliation». La formation de Bouguerra Soltani semble avoir sa propre vision de la réconciliation. A ce sujet, M.Mokri estime que la concrétisation de ce projet ne doit pas passer inéluctablement par un texte de loi. «Il suffit parfois d'une décision politique», ajoute-t-il. En fait, ce parti de l'alliance ne donne pas l'impression d'être mieux informé que les autres sur cette question ni sur celle de la levée de l'état d'urgence. Surprenant de la part d'une formation qui se targue d'être en faveur de l'alliance présidentielle stratégique.