Les rapts et les attaques visant les représentations diplomatiques se multiplient en Libye. L'Algérie a procédé à la fermeture «à titre préventif et urgent» de son ambassade et son consulat général à Tripoli, indique hier un communiqué du ministère des Affaires étrangères. «Suite à des informations certaines de l'existence d'une menace réelle et imminente ciblant nos diplomates et agents consulaires, il a été décidé, en coordination avec les autorités libyennes, de procéder à titre préventif et urgent, à la fermeture de notre ambassade et de notre consulat général à Tripoli», précise le communiqué. Tout en insistant sur «le caractère temporaire de cette mesure dictée par les conditions sécuritaires difficiles», le ministère des Affaires étrangères rappelle à nouveau la «solidarité» de l'Algérie avec le peuple et les autorités libyennes et son «soutien aux efforts consentis pour l'édification de l'Etat de droit et pour l'instauration de la paix et de la sécurité sur l'ensemble du territoire libyen». Cette mesure préventive est amplement justifiée au moins pour deux raisons. La première est que l'Algérie qui est toujours à la recherche de ses diplomates enlevés le 5 avril 2012 du siège du consulat par le Mujao, ne veut pas se trouver dans une situation inextricable avec d'autres diplomates enlevés en Libye. Déjà qu'elle gère très difficilement le dossier des quatre diplomates toujours en otage et seraient «en vie» selon les affirmations, maintes fois exprimées, par le gouvernement algérien. La deuxième rasion tient à la situation sécuritaire intenable en Libye. Le pays est pratiquement livré aux milices pour devenir un vaste champ de bataille où le business des kidnappings des diplomates fait florès. Le bal tragique a été ouvert le 11 septembre 2012, quand l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye et trois autres employés sont morts dans l'attaque du consulat à Benghazi. Un film jugé offensant envers le prophète Mohammed (Qsssl) a déclenché des violences anti-américaines, en Libye, qui ont coûté la vie à Christopher Stevens. Depuis, la chasse aux diplomates est ouverte en Libye. En captivité durant près d'un mois, l'ambassadeur de la Jordanie a été libéré, il y a quatre jours, en échange d'un jihadiste libyen incarcéré en Jordanie. Le 21 mars et le 17 avril, un employé et un diplomate de l'ambassade de Tunisie ont également été enlevés à Tripoli. Un groupe inconnu appelé Chabab Al-Tawhid avait diffusé une vidéo le 21 avril, montrant l'employé de l'ambassade demandant aux autorités tunisiennes de négocier avec les ravisseurs. En janvier dernier, cinq diplomates égyptiens ainsi qu'un autre employé de l'ambassade ont été également enlevés puis libérés le 26 du même mois dans le cadre d'une transaction entre Tripoli et Le Caire. Ces libérations sont intervenues en effet peu après celle de Chaaban Hadeia, un chef des ex-rebelles libyens, arrêté hier en Egypte.