Après avoir menacé de réactiver la commission de discipline pour «sanctionner» ses adversaires, Amar Saâdani doit faire face à cette nouvelle donne. Abderrahmane Belayat a présidé, hier à Alger, la première réunion de l'Instance exécutive de la direction unifiée mise en place samedi 17 mai et composée de 21 membres. Ordre du jour: la préparation d'une session extraordinaire du comité central en vue d'élire un nouveau secrétaire général et la réponse du FLN au projet de révision de la Constitution, proposé par la présidence de la République. C'est ce que nous a indiqué, hier, M.Belayat qui assume la coordination de l'instance. Le premier objectif de cette instance unifiée est de revenir à la légitimité. Sa mission? «Elle joue le rôle et assume la fonction de la direction nationale du parti», répond notre interlocuteur. Mais où se situe son siège puisque le siège national du parti est occupé par le secrétaire général Amar Saâdani et son équipe? «Elle siège partout où elle peut car le siège national est indûment occupé», précise M.Belayat. Ce dernier ajoute que cette instance a été créée avec l'assentiment de toutes les parties opposées à Amar Saâdani, dont Abdelkrim Abada, coordinateur du mouvement de redressement qui aurait refusé d'en faire partie. Ainsi, la crise du FLN se corse. Le secrétaire général, Amar Saâdani, doit faire face à cette nouvelle donne après avoir menacé de réactiver la commission de discipline pour «sanctionner» ses adversaires. Les redresseurs, le groupe de Belayat et l'implication de l'ex-secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem qui fait planer l'idée de son retour à la tête du FLN plus de 15 mois après son éjection compliquent un peu la situation de ce parti qui s'inscrit dans une longue recherche d'un homme...providentiel. Et comme cet homme tant attendu n'arrive toujnours pas, on évoque le retour de Belkhadem. «Si Belkhadem s'est impliqué personnellement, ce n'est pas pour rien. Depuis sa destitution, il a gardé le silence, ne sortant de sa réserve qu'occasionnellement pour exprimer une position. Avec son retour, notamment après sa nomination au poste de ministre d'Etat, conseiller personnel du président de la République, les choses vont certainement s'accélérer et changer», prévoit un membre du comité central. Un avis que ne partage pas un autre membre de cette instance, proche de Belkhadem. Il affirme avoir discuté avec l'ex-secrétaire général du parti, de la question. «Belkhadem m'a dit qu'il n'est pas impliqué en personne et directement dans le conflit. Le contraire signifierait, vu le poste officiel qu'il occupe, que les ordres sont venus d'en haut», souligne-t-il. Notre interlocuteur estime que Amar Saâdani restera à la tête du parti jusqu'à la tenue du congrès ordinaire qui doit intervenir au mois de mars 2015, si les délais sont respectés. «Mais je pense que le congrès sera avancé pour des raisons liées à un agenda politique», estime la même source. Amar Saâdani, qui pense que gérer un parti politique est la même chose que de faire paître un troupeau, s'est lourdement trompé de méthode pour consolider son pouvoir. Il pensait pouvoir unifier les rangs du parti en organisant, dès son intronisation, des rencontres dans toutes les régions du pays. Il croyait aussi que c'était suffisant de réunir les mouhafedhs et les parlementaires du parti distinctement pour leur faire signer des motions de soutien pour voir le vent de la contestation passer sans dégâts. Or, l'opposition ne cesse de prendre de l'ampleur même après l'acquisition du 4e mandat pour lequel il s'était investi. Des alliés à lui sont devenus ses adversaires après leur avoir promis des postes de ministres sans pouvoir tenir la promesse. Pis encore, le FLN a été le grand perdant du dernier remaniement gouvernemental. Dans le gouvernement Sellal, qui comprend 32 membres, le FLN, parti majoritaire au niveau de toutes les assemblées élues, ne compte que trois ministres.