Le collectif des familles de disparus s'insurge contre la «partialité» de Ksentini. Décidément, le torchon brûle entre le collectif des familles de disparus en Algérie(CFDA) et M. Farouk Ksentini, président du mécanisme ad hoc «de prise en charge de la question des disparus» mis en place par le président de la République le 20 septembre 2003. Dans un communiqué signé par Patrick Baudouin, avocat des familles de disparus, il a été reproché à Ksentini de «se livrer à de multiples déclarations publiques contradictoires» et de dénoncer «avec la plus grande vigueur» les propos qu'il a tenus. La pomme de discorde est due, en fait, aux premières conclusions de la commission de Ksentini soutenant, en somme, que «les disparitions seraient le fait de certains agents de l'Etat ayant désobéi à leurs supérieurs en agissant illégalement» et de préconiser «la désinculpation des institutions de l'Eta» qui ne sont point «responsables de ces dépassements(disparitions)» . Un constat qui n'est nullement du goût du Cfda qui craint que la vérité ne se fasse pas jour. «le Cfda scandalisé par ces affirmations péremptoires, dénonce la requalification, par M Ksentini, des crimes de disparitions en simple infraction, voire en dépassements commis par quelques éléments isolés appartenant aux forces de sécurité algériennes et qui pourraient bien se voir sacrifiés sur l'autel de la vérité», peut-on lire dans le communiqué. Aussi, le collectif a remis en cause la «compétence» du mécanisme ad hoc à mener des investigations sur la question des disparus(7200 cas), un chantier qui relève, selon lui, du domaine des autorités administratives et judiciaires afin que «les responsabilités dans les crimes perpétrés soient déterminées». Evoquant à nouveau les conclusions de Ksentini, le Cfda «déplore le fait que ni les victimes, ni leurs familles, ni les associations qui travaillent sur les disparitions forcées en Algérie n'ont été consultées ou entendues dans le cadre des travaux du mécanisme ad hoc». Implicitement, Patrick Baudouin -parlant au non de tout le collectif- estime que Ksentini est préparé à la tâche consistant à étouffer un laborieux dossier qui n'a pas encore révélé tous ses dessous. C'est pourquoi, le Cfda rappelle à M.Ksentini qu'il «ne peut pas ignorer que les familles et associations de victimes des disparitions n'ont eu de cesse, depuis des années, de constituer des dossiers et de saisir en vain la justice algérienne afin que la vérité soit faite sur ces terribles agissements». Autrement dit, le rédacteur du communiqué -représentant tout un collectif- ne croit aucunement à l'indépendance de l'actuel mécanisme et souhaite «que soit établi un mécanisme indépendant dont le mandat permette la recherche effective de la vérité et l'établissement des responsabilités dans tous les crimes en Algérie depuis 1992 et notamment dans les cas de disparitions forcées». Ont été remémorés, à cet effet, les instrument internationaux ratifiés par l'Algérie. Une autre manière de faire pression sur les autorités compétentes en vue de les amener à dépoussiérer une page tourmentée de l'histoire de l'Algérie inaugurée par l'intensification de la violence islamiste à partir de 19992. Il est à indiquer enfin, qu'une délégation du Cfda a rencontré, dans la soirée d'hier, Ksentini dans l'objectif d'aplanir les dissensions telles que répertoriées dans le communiqué «dénonciateur».