Ils ne veulent pas être «les laissés-pour-compte» de la réconciliation nationale. Dans un communiqué rendu public hier, le Collectif des familles de disparus (Cfda) et SOS disparus interpellent le président de la République sur la question du rapport remis par Me Ksentini sur les disparus. «Après deux mois d'attente, nos associations réclament le droit pour toutes les familles de disparus de connaître enfin le contenu d'un rapport qui les concerne en premier lieu», lit-on dans le communiqué qui se plaint que depuis la mise en place du mécanisme ad hoc en septembre 2003, «ni les familles ni leurs représentants n'ont été associés dans le travail» de ladite commission. Les auteurs du communiqué sont formels: «En 18 mois d'existence, la commission de Me Ksentini s'est contentée de convoquer les familles durant 2 mois pour obtenir leur accord sur une hypothétique indemnisation, ne permettant l'assistance d'aucune personne extérieure, famille, avocat, ou représentant des familles.» Pour les deux associations signataires du communiqué, «le président de la République, ainsi que Me Ksentini ne doivent pas infliger aux familles de disparus l'angoisse supplémentaire de l'attente». Le même communiqué souligne que «ces familles ont le droit aujourd'hui de connaître le contenu d'un rapport qui pourrait décider de leur avenir.» Cette interpellation intervient alors que la campagne pour l'amnistie générale bat son plein sans que l'on sache réellement le contenu du texte qui sera soumis à référendum. A ce propos, les familles de disparus ne cachent pas leurs craintes de voir les éléments des services de sécurité impliqués dans les 6146 cas de disparition recensés par le mécanisme ad hoc, bénéficier de la loi sur l'amnistie. Cette insistance à connaître le contenu du rapport s'explique donc par le souci de ne pas être «les laissés-pour-compte» de la réconciliation nationale. De son côté, le président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, Farouk Ksentini, estime qu'il ne lui appartient pas de divulguer les termes du rapport qu'il a remis au chef de l'Etat. C'est à ce dernier que revient, affirme Me Ksentini, le droit de rendre public ou pas le travail du mécanisme ad hoc. Cela dit, notre interlocuteur confirme le principe de l'indemnisation. «C'est une démarche équitable et nécessaire», souligne-t-il. En d'autres termes, la proposition de l'Etat n'a rien «d'hypothétique», comme le souligne les associations de familles de disparus. Cela dit, l'on apprend que le processus d'indemnisation n'a pas encore été lancé. A ce propos, Me Ksentini nous a livré son sentiment personnel sur la question en affirmant que la démarche présidentielle est globale, au sens où la question des disparus est intégrée dans une vision générale et sera traitée dans le cadre de la réconciliation nationale et l'amnistie générale. Mais ce n'est là qu'un point de vue.