«La sécurité en Méditerranée est indivisible» Une stratégie fondée sur le triptyque: sécurité, développement et gestion humaine. La nouvelle donne géostratégique en Afrique du Nord et au Sahel, des zones sont agitées par de fortes turbulences, a fortement marqué la 11e conférence des ministres des Affaires étrangères des pays du Dialogue 5+5, dont l'Algérie, qui s'est ouverte jeudi dernier à Lisbonne (Portugal). Ainsi, la rencontre a été une occasion d'évoquer les enjeux régionaux et les défis communs aux dix pays membres du Dialogue 5+5 (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie, Espagne, France, Italie, Malte et Portugal), dans les domaines sécuritaire et économique. Et l'Algérie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a exposé son approche relative à la stabilité en Méditerranée occidentale. Une stratégie fondée sur le triptyque: sécurité, développement et gestion humaine. M.Lamamra a rappelé la doctrine algérienne qui considère que la sécurité en Méditerranée est «indivisible» et que sa garantie passe par un dialogue «inclusif» et une coopération «participative» dans le cadre de la légalité internationale. Il a relevé le contexte méditerranéen marqué dans sa partie orientale par la menace sur la stabilité et la sécurité internationales à cause de la «persistance du blocage» du processus de paix au Moyen-Orient «accentué» par la crise syrienne et l'avènement de la crise au Sahel. Le chef de la diplomatie algérienne a rappelé les développements en termes de «recrudescence» des flux migratoires et de «multiplication» des discours xénophobes, islamophobes et racistes à l'encontre des membres des communautés étrangères, notamment maghrébines légalement établies en Europe. Face à ces défis, il a plaidé en faveur d'une approche concertée et de la primauté du dialogue et du droit sur le recours à la force pour leur règlement dans l'intérêt de la stabilité et la sécurité en Méditerranée. Il a, à cet égard, souligné la pertinence du 5+5 en tant que cadre idoine pour une «meilleure appréhension» de ces défis communs et la mise en place des conditions «pérennes» de stabilité et de concorde dans la région. Sur la situation au Mali, il a fait observer qu'en dépit de l'«amélioration» du climat politique dans ce pays, la situation dans la bande sahélo-saharienne reste «préoccupante» et marquée par la «persistance» des menaces du terrorisme et du crime transnational organisé. Il a souligné, par ailleurs, que le combat contre le terrorisme transnational doit également prendre en compte le tarissement de ses ressources de financement. M.Lamamra a noté que l'«efficacité» des démarches et des mesures prises au plan international ont conduit les groupes terroristes à se rabattre sur d'autres moyens de financement de leurs activités comme les enlèvements contre paiement de rançons pour la libération d'otages, «pratiques dont on mesure aisément les conséquences sur la stabilité et le développement de la région». Sur la problématique de la migration, il a fait part de l'«indignation» de l'Algérie suite aux tragédies humaines survenues ces derniers mois et qui continuent de se produire dans le Sahara et en mer Méditerranée. «La réponse urgente et appropriée aux flux de migrants, dont l'Algérie accueille, à l'instar d'autres pays, une bonne partie sur son sol, est d'oeuvrer ensemble en vue de renforcer les capacités des pays dont sont originaires ces migrants», a-t-il dit. Il s'agit aussi de créer les conditions socio-économiques de développement en tant que facteur fondamental permettant d'«atténuer» le phénomène migratoire et de «tarir à long terme» ses véritables causes, a-t-il ajouté. Pour le ministre, c'est à travers la réduction des écarts de développement entre le Nord et le Sud que «l'on pourrait aboutir, à terme, à une intégration régionale effective bénéfique ainsi qu'à un dialogue Nord-Sud fécond».