La stratégie adoptée depuis les années 70 a «échoué». Le ministre des Transports, M.Meghlaoui a ouvert, hier, en présence du ministre de la Santé, M.Redjmi, le séminaire international sur les recherches et sauvetage aéronautiques et maritimes (SAR). Ce regroupement régional, le premier du genre organisé en Algérie, qui se tient actuellement à l'hôtel Sheraton, en présence d'experts venus de 13 pays d'Afrique et d'Europe, sera l'occasion pour débattre des expériences des pays riverains et du pourtour méditerranéen et aussi de coordonner les politiques locales à l'échelle maghrébine, africaine et méditerranéenne. Lors de son intervention inaugurale, M.Meghlaoui a mis en évidence la nécessité pour l'Algérie, qui a mis en exploitation depuis 1996 le SAR, de «contrecarrer les risques qui peuvent survenir en haute mer» et de donner au pays sa «place géostratégique» en intensifiant les échanges mondiaux. A cela, a souligné le ministre, il faudrait que l'Algérie, qui a adapté ses textes régissant les modes de transport terrestre, aérien et maritime, doit aussi mettre à niveau ses 32 aérodromes, 12 aéroports internationaux et ses 10 ports autonomes en se conformant aux standards internationaux. A titre d'exemple, l'espace aérien national est traversé par 6000 avions annuellement qui comptabilisent quelque 148.500 de vol aériens. Il a demandé aux différents experts du comité interministériel qui gère le SAR d'évaluer «les résultats des systèmes mis en place». Son collègue de la Santé, Redjimi a mis en exergue le danger potentiel que représente «l'emplacement de l'aéroport d'Alger sur les habitants alentours». Un expert algérien, Ahmed Zerhouni, a révélé à l'assistance qu'un audit a été demandé par le gouvernement algérien sur les systèmes d'alerte, lequel audit a montré «des déficiences» qui ont été signalées aux autorités algériennes aussitôt. Ce rapport, frappé du sceau «confidentiel», selon Benchenane, le directeur de l'aviation civile au ministère des Transports, situe les nombreuses failles décelées dans l'organisation et la gestion de ce programme. Selon cet expert, le SAR, dont la mission principale est d'évaluer les risques, est devenu aujourd'hui «vital» mais il requiert des techniques de pointe et des services de qualité ainsi qu'un personnel hautement qualifié. D'où cette cacophonie qui semble s'installer au niveau du comité interministériel matérialisée par «une guerre des chefs», à la lecture des nombreuses interventions des partenaires composant cette structure aux moyens très limités. Le budget consacré au fonctionnement et aux équipements est, en effet, supporté depuis longtemps par le MDN qui chapeaute de fait cette structure depuis l'indépendance. L'intervention très attendue du colonel de l'aviation, Fellague, chef de service SAR aéronautique et président du comité de coordination sur le système, a apporté quelques éléments de réponse aux participants en indiquant que les systèmes mis en place depuis les années 70 ont tous «échoué». Selon le président du comité, l'Algérie n'a signé aucun accord de coopération en matière de recherches et de sauvetages avec les pays du pourtour maghrébin et méditerranéen. Pourtant, la station terrienne de Ouargla qui a un rayon d'action de 3000 km, peut, le cas échéant, servir de relais d'alerte à beaucoup de régions subsahariennes, maghrébines, arabes et même européennes Le projet d'accord conclu dans les années 90 entre les pays maghrébins est aujourd'hui «gelé», du fait de la paralysie de l'UMA. D'où cette faiblesse constatée dans les exercices de simulation qui n'ont pas dépassé, selon lui, 24 exercices durant une décennie. La réorganisation du ministère de la Défense, selon le colonel Fellague, se traduira dans les faits par une autonomie de commandement de l'aviation, ce qui atténuera les dépenses du MDN puisqu'une partie des redevances (survols aériens) sera rétrocédée au SAR. Deux ateliers ont été mis en place durant ce séminaire pour permettre aux spécialistes des questions SAR de «traiter et d'émettre des propositions relatives aux innovations technologiques». Des spécialistes étrangers ont été invités à ce séminaire. Les responsables algériens comptent profiter de ce séminaire pour relancer leurs homologues tunisiens et marocains présents, afin de réactiver les liens et arriver à signer le fameux accord d'agrément qui leur ouvre la porte aux exercices effectués dans le cadre des SAR Medoc qui n'acceptent pas les pays à titre individuel. Le forcing des Algériens finira-t-il par payer?