Les révélations de Boumehdi Djelloul, alias Abou Oubaïda, mercredi dernier, ont au moins eu le mérite d'éclairer quelques zones d'ombre qui enveloppaient l'organisation terroriste la plus sanguinaire de l'histoire moderne. Zouabri a pris un coup de vieux, mais malgré ses rides, ses joues boursouflées et son crâne dégarni, il reste toujours à la tête de la katiba El-Khadra. C'est-à-dire à la tête de quelque 14 hommes, les derniers irréductibles de sa garde prétorienne, son «haras khass», l'élite des irrédentistes en d'autres termes. La révélation est de taille, car elle permet d'abord, de situer la position actuelle de l'homme au sein de sa mouvance, de jeter un «regard neuf» sur son organisation, en phase finale de désagrégation, et de porter, enfin, un jugement sur ce qui reste des autres organisations terroristes, le Gspc, les HDS, etc. Si Zouabri est toujours vivant, il faut préciser qu'il survit, plutôt qu'il ne vit. Au milieu de sa quinzaine d'hommes, il peut compter encore sur les autres katibet, ou ce qui en reste. C'est-à-dire un apport de 30 éléments, tout au plus. La totalité de toute l'organisation n'excède plus les 45 hommes. Si on rappelle que les katibet activaient entre 1995 et 1997, avec un effectif de 120 à 170 hommes chacune, on reste effaré devant le dépérissement du GIA. Boumehdi Djelloul confirme ce que les observateurs avaient noté : l'aire d'activité de Zouabri ne va pas au-delà du triangle Médéa - Blida - Aïn-Defla. Mais la nouvelle précision est que la zone privilégiée ces derniers mois est celle périphérique des monts du Zaccar, c'est-à-dire celle allant de Khemis Miliana à Médéa, en passant par Djendel, Ouamri, Oued Chorfa et Tamesguida. Selon toute vraisemblance, ce sont les monts du Zaccar qui ont offert jusque-là une résidence fixe à Zouabri. La présence des femmes et des enfants dans cette zone fortement boisée et accidentée plaide pour cette thèse. Mieux, blessé à l'épaule à la suite d'un accrochage avec les services de sécurité à El-Oumaria en 1999, Boumehdi a séjourné plusieurs semaines dans le campement, du Zaccar, avec les femmes et les enfants, dispensé de toute activité physique ou armée. L'axe de cette zone n'excède pas la centaine de kilomètres, mais permet des «incursions» vers Oued Djer, Hammam Melouane, Tipasa et Aïn Tagouraït. La violence observée dans ces lieux entre janvier et août 2001 ne s'explique que par le mouvement du GIA vers le Nord, où une «seriat el-bahr» fut créée. Une nouveauté, mais dont le nombre reste dérisoire. A peine quatre ou cinq hommes, auxquels, d'ailleurs, on impute l'attentat du Tennis club, perpétré cet été par ladite «sériat», selon les propres révélations de Boumehdi. Le groupe semble faire de longues «haltes pacifiques» dans les monts de Ténès. Un reportage effectué dans cette zone en juillet dernier nous a permis de constater, selon les dires des autochtones, que des mouvements suspects avaient été observés sur les hauteurs de Gouraya, Beni Haoua, etc., mais sans qu'aucune violence fut perpétrée. Cela suppose que ces endroits ont offert un lieu de repos en même temps qu'une zone de transhumance pendant les chaudes journées d'été, pratiquement insupportables dans le Zaccar.